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Lignes comprises dans les lois des 16 et 31 décembre 1875 2,795 kilomètres.
Lignes comprises dans la loi du 17 juillet 1879 (Projet Freycinet) 8,823 »
Lignes décrétées par des lois spéciales 297 »
Lignes rachetées ou reprises par l’état 782 »
Anciennes lignes d’intérêt local incorporées dans le réseau d’intérêt général 1,130 »
Total 13,827 kilomètres.


Sur ce total, 1,926 kilomètres étaient en exploitation à la fin de 1882 ; 3,633 en construction. Le surplus (8,268 kilomètres) n’avait encore reçu aucun commencement d’exécution[1].

Il résulte de cet exposé que, si les compagnies étaient arrivées, ou à peu près, au terme des travaux de construction pour les concessions dentelles étaient chargées, l’état, qui, depuis 1875, avait décrété 13,827 kilomètres de lignes nouvelles sans les concéder en même temps à l’industrie privée, n’avait encore pu mettre en exploitation que 1,926 kilomètres. Il lui restait près de 11,000 kilomètres à construire. Par des procédés de trésorerie, par des émissions de rentes amortissables, il avait pu entamer la construction de 3,633 kilomètres ; mais déjà, pour ces travaux entrepris sur cent cinquante lignes différentes, les crédits commençaient à lui faire défaut, et comme il avait à pourvoir en même temps à d’autres dépenses très considérables pour les ports, pour les canaux, pour les écoles, etc., il lui devenait absolument impossible de continuer le troisième réseau. Ajoutons que, pour les lignes ou plutôt pour les sections de lignes qu’il avait construites, il avait dû organiser un régime provisoire d’exploitation en attendant qu’une résolution fût prise non-seulement sur les nouvelles lignes, mais encore sur l’ensemble des voies ferrées. Ce régime provisoire avait le double défaut d’être onéreux pour le trésor et de laisser les grandes compagnies sous la menace d’un rachat général, situation qui risquait de compromettre leur crédit et qui était contraire à tout progrès dans le service de l’exploitation.

L’état était donc très intéressé à recourir, comme par le passé, aux ressources de l’industrie privée ; il y était même obligé sous

  1. Chiffres extraits de l’ouvrage publié sous ce titre : les Chemins de fer français, par M. Alfred Picard, conseiller d’état, ancien directeur des chemins de fer au ministère des travaux publics. Ce travail considérable (4 vol. in-8o), édité par la librairie J. Rothschild, contient l’histoire complète des voies ferrées, avec textes et tableaux à l’appui. On y trouve l’exposé de toutes les discussions parlementaires, des mesures législatives et des règlemens qui concernent les chemins de fer depuis l’origine jusqu’au classement de 1879. C’est le livre le plus complet qui ait été écrit sur la question. Il fait grand honneur à M. Alfred Picard, et au ministère, sous les auspices, duquel il a été publié.