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Golconde, — contrée où il se fabrique une grande quantité de tissus. Le navigateur qui se dirige ensuite vers l’est pour traverser le golfe rencontre d’abord la Désarène, pays qui nourrit des éléphans. « On sait, dit l’auteur du Périple, que les Indiens donnent à l’éléphant le nom de désare, » La côte se redresse un peu plus loin au nord : là vivent de nombreuses peuplades barbares, et parmi elles les Cirrhades, race farouche au nez écrasé ; là aussi se rencontrent les Bargyses, les hippioprosopes ou macroprosopes, — c’est-à-dire au long visage ou au visage de cheval. — On croit ces populations anthropophages.

Après cette portion de côte, si vous faites de nouveau route à l’est, ayant l’océan à droite et la terre à gauche, vous trouverez, en venant du large, le Gange, et, près du Gange, la dernière contrée de l’Orient, Chrysé ou l’île d’Or. Au temps du géographe Ptolémée, c’est-à-dire au W siècle de notre ère, 120 ou 130 ans après le règne de Claude, le progrès des connaissances géographiques avait appris aux Romains que Chrysé était une presqu’île. Dans les environs de Chrysé coule le Gange, le plus grand fleuve de l’Inde, qui a, comme le Nil, ses crues périodiques. Sur les bords du Gange il existe un marché, — aujourd’hui Dulispour, — auquel l’antiquité avait donné le nom du fleuve. De ce marché s’exportent du malabathron, du nard gangétique, du poivre, de très belles indiennes appelées également gangétiques. On assure, en outre, qu’il existe dans cette province des mines d’or et une sorte de monnaie d’or connue sous le nom de caltis.

Non loin du Gange se trouve cette île Chrysé que nous avons déjà mentionnée. C’est la dernière partie du monde habité du côté du Levant: Chrysé est située aux lieux d’où le soleil se lève. Il n’est pas un marché de la Mer-Érythrée qui fournisse d’aussi belle écaille. L’empire des Birmans et la presqu’île de Malacca étaient compris dans cette dénomination générale d’île Chrysé, qui devint, un peu plus tard, la Chersonèse d’or.

Après Chrysé, se déploie vers le nord la mer extérieure, qui se termine au rivage des Thines. Dans l’intérieur des terres existe une très grande ville, la ville de Thinæ. L’analogie des noms nous permettra-t-elle de reconnaître ici la capitale du Chen-Si et de retrouver dans la ville de Thinæ la ville chinoise de Tsin? Les érudits se sont en général rangés à cette opinion, et je la crois, pour ma part, très plausible. « C’est de Thinse, dit l’auteur du Périple, que viennent la laine, le fil et la mousseline de Chine qui sont apportés : à Barygaza par la voie de terre à travers la Bactriane ; à Limyrice par le Gange. » Il n’est pas facile d’arriver dans le pays des Thines; bien peu de voyageurs y sont parvenus. Cette contrée, en effet, est située sous la Petite-Ourse; elle confine, dit-on, par sa côte opposée au