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tribus farouches qui parlent la langue arabe et ont pour tout vêtement des ceintures fabriquées avec des feuilles de palmiers. L’île de Sérapis fournit de très belle écaille, que viennent chercher des barques et des navires de charge expédiés de Cané.

Si vous contournez la côte qui se prolonge au nord jusqu’à l’entrée du Golfe-Persique, vous trouverez, sur un espace de près de 200 milles, beaucoup d’îles comprises sous la dénomination générale d’îles Calées. Les habitans de ces îles sont méchans ; on prétend qu’ils voient mieux la nuit que le jour. A l’extrémité de cette côte basse et à demi noyée, s’étend la chaîne de montagnes qui porte le nom de Mont-Calon, — aujourd’hui le Mont-Batna. — Peu après s’ouvrira devant vous le Golfe-Persique, bordé de nombreuses pêcheries d’huîtres perlières. A gauche de l’entrée du golfe surgissent les monts Asabôn, montagnes de basalte noir, à l’aspect haché et tourmenté, auxquelles la tribu des Beni-Assab paraît avoir donné son nom ; à droite apparaît, s’élevant au milieu des sables, le mont de Sémiramis, haut de 260 mètres, « qui doit être, dit Müller, le Koh-Mubarek, — la montagne de la Bonne Fortune, — à moins que ce ne soit plutôt le Djebel Serraovat. » Entre ces deux chaînes montagneuses, — les monts Asabôn et le mont de Sémiramis, — la distance est de 60 milles environ. C’est par cette vaste bouche qu’on pénètre dans le Golfe-Persique; nous avons vu jadis Néarque s’y engager. Tout au fond du golfe a été établi, pour servir de bureau de douanes et d’entrepôt légal, le comptoir d’Apologus, — aujourd’hui Oboleh, un peu au-dessous de Bassorah. — Apologus est situé non loin de Charax de Spasis sur l’Euphrate (nous appelons, nous autres modernes, Charax de Spasis, Mohammerah). Apologus n’est pas sur la route des vaisseaux qui se rendent dans l’Inde, mais, avant d’y arriver, à six jours de navigation de l’entrée du golfe, vous rencontrerez en suivant cette route un autre entrepôt connu sous le nom de comptoir d’Oman, — aujourd’hui Khubber. — On expédie sur ces deux marchés, celui d’Apologus et celui d’Oman, de grands navires de Barygaza, chargés de cuivre, de bois de sandal et de bois de charpente, de cornes, de barres d’ébène et de sésamine, essence inconnue que je n’essaierai pas, après les efforts infructueux de nos érudits, de définir. Oman a, en outre, un commerce particulier avec le port de Cané. Ce comptoir envoie à Oman de l’encens; il en reçoit de petits navires très légers, propres à ce pays et connus sous le nom de madaras. D’Oman et d’Apologus, on importe à Barygaza et en Arabie beaucoup de perles, inférieures aux perles de l’Inde, de la pourpre, des vêtemens fabriqués à la mode du lieu, du vin, une grande quantité de dattes, de l’or et des esclaves.

De la contrée d’Oman on passe à la terre des Parsis, ou des