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l’usage du roi de la vaisselle d’or et d’argent façonnée au goût du pays, des manteaux et des couvertures de laine sans mélange de fil, qui ne soient pas cependant d’un trop grand prix. Tous ces objets d’échange sont apportés d’Égypte au comptoir d’Adulis, depuis le mois de janvier jusqu’au mois de septembre, époques qui correspondent aux mois égyptiens de Tybi et de Thoth. La saison favorable pour retourner en Égypte commence en septembre. « Outre les marchandises que nous leur apportons, ajoute l’auteur du Périple, les riverains de la Mer-Rouge reçoivent aussi de l’Indo-Scythie du fer indien, de l’acier, des cotonnades de l’Inde, les unes plus larges appelées monachès, les autres connues sous le nom de sagmatogènes, des ceintures, des couvertures, des mousselines, des tissus couleur de mauve ou teints de pourpre. »

A une certaine distance d’Adulis, le Golfe-Arabique, — nous pouvons sans inconvénient donner à la Mer-Rouge ce nom qu’elle porta aussi dans l’antiquité, — s’incline de plus en plus vers l’est. A la hauteur du territoire des Avalites, il forme un étranglement. Cet étranglement, c’est la porte de l’affliction, le fameux détroit de Bab-el-Mandeb. Quand nous l’aurons franchi, nous trouverons encore des comptoirs répandus sur un espace de près de 400 milles ; ces comptoirs ont un nom générique qui les désigne : on les appelle « les comptoirs en dehors du détroit. » Le premier, en venant du nord, est Avalite, — aujourd’hui Zeyla. — Nous voici rendus sur la côte d’Adel. On ne peut aborder à la plage d’Avalite qu’au moyen de chaloupes. On importe là des verreries, du vinaigre de Diospolis, des étoffes feutrées à l’usage des barbares, du blé, du vin, un peu d’étain; on en exporte des aromates, de l’ivoire, de l’écaille de tortue, une très faible quantité de myrrhe, mais d’une qualité supérieure. Les barbares qui habitent sur ce rivage sont plus grossiers que ceux qu’on rencontre dans le haut du golfe.

Après Avalite, se présente un comptoir plus important, le comptoir de Malao. Entre Malao et Avalite, l’auteur du Périple compte environ 80 milles : Malao pourrait fort bien correspondre au mouillage actuel de Berbera. « Les navires, nous apprend le capitaine d’Alexandrie, sont fort tourmentés sur la rade de Malao, bien qu’un promontoire qui se prolonge vers l’est les abrite un peu. » Les mœurs des habitans, par compensation, se sont adoucies. Outre les objets que nous avons indiqués ci-dessus, on importe à Malao une assez grande quantité de tuniques, des sayons d’Arsinoé teints et feutrés, des coupes, quelques plaques de cuivre bruni imitant l’or, du fer, des monnaies d’or et d’argent ; on en exporte de la myrrhe, un peu d’encens, de la cannelle supérieure et commune, des écorces aromatiques venant d’Arabie, enfin des esclaves, mais en petit nombre,