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et le développement de la crise bulgare, ont contribué a entretenir sur les places de Berlin et de Vienne ce malaise dont notre marché n’a cessé de ressentir le contrecoup.

La fermeté des rentes françaises, en tant qu’elle ne résulte pas seulement des agissemens de la spéculation, indique une tendance de plus en plus marquée des capitalistes à placer exclusivement leurs fonds disponibles en valeurs de premier ordre à revenu fixe, et c’est ce qui explique à la fois l’animation relative des transactions au comptant sur les rentes et la solidité inébranlable des obligations de la Ville de Paris, du Crédit foncier et des Chemins de fer. Sur tout ce groupe de valeurs recherchées par l’épargne, les fluctuations restent à peu près insignifiantes, et il n’y a ni recul sérieux, ni avance importante à relever d’une quinzaine à l’autre.

La Banque de France se maintient aux environs du cours de 5,400 fr. Le Crédit foncier, plus soumis aux caprices de la spéculation, a varié entre les cours de 1,230 et 1,255 et reste plutôt faible. On a fait courir le bruit, peu fondé selon toute vraisemblance, d’une prochaine augmentation du capital de cette société. En fait, l’action a monté ou fléchi en suivant docilement les fluctuations de la rente. La Banque de Paris a reculé jusqu’à 825 francs; c’est 175 francs de baisse en quelques semaines. Sans doute, cette dépréciation est l’œuvre de la spéculation. Mais elle répond à un fait à peu près certain, la diminution du dividende, qui de 60 francs passera à 45 ou 50 francs. L’exercice 1883 aura été mauvais pour toutes les sociétés de crédit, et il n’est pas étonnant que celles dont les titres jouissaient encore d’une prime considérable aient été visées par des baissiers dont personne ne paraît disposé à contrarier les opérations. On ne peut expliquer autrement les négociations à terme dont l’action du Comptoir d’escompte a été l’objet depuis trois jours et qui l’ont fait baisser immédiatement de plus de 50 francs, alors que l’excellent classement de ce titre en avait fait jusqu’alors une valeur du comptant et maintenait les cours à peu près immobiles.

Les autres sociétés de crédit sont tout à fait délaissées ; la baisse se poursuit lentement, mais sans retour. La Société générale se cote maintenant au-dessous du pair; le Crédit lyonnais et la Banque franco-égyptienne conservent encore 50 à 70 fr. de prime. Bon nombre de sociétés ont depuis longtemps leurs titres cotés à des cours si bas que la dépréciation a dû s’arrêter par la suspension même de toute transaction.

Les sociétés de crédit étrangères dont s’occupe la spéculation à Paris se sont assez bien tenues, notamment la Banque des Pays-Autrichiens. Cependant la Banque ottomane a perdu le cours de 700 fr. et semble se maintenir, avec une certaine peine, à 695 fr..