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avancent ou retardent l’apparition d’un phénomène ; pour noter le passage d’une étoile, un enregistreur serait utile. Chacun, sur un tel énoncé, doit penser à la photographie. La solution n’est pas acceptable, celle de M. Deprez est autre. Disposez une lunette de telle sorte qu’un fil très fin cache complètement l’astre étudié et faites en sorte que, dirigé par une machine parallactique, le fil suive exactement le mouvement de l’astre : on n’aura à noter que le passage du fil, et la difficulté descend du ciel sur la terre.

Pour mesurer la vitesse d’un boulet, on a proposé plusieurs méthodes, et M Deprez a marqué sa place dans l’histoire de ce grand problème. Le projet de se servir simplement d’une lunette et de lire sa vitesse en le regardant passer, après l’avoir rendu visible, soit en le portant au rouge, soit en lui attachant une fusée, est assurément un problème difficile. M. Deprez trouve moyen de le résoudre; il agite l’image du boulet et le nombre des oscillations, pendant le passage dans le champ de l’instrument, donnera la mesure cherchée.

Un autre jour, c’était une boussole électrique dont il me confiait le principe. Je ne trahirai pas le secret en disant qu’un courant, né de l’action du magnétisme terrestre, devient nul quand une certaine aiguille est placée dans le méridien magnétique. La précision sera aussi grande que le constructeur l’aura voulu. L’instrument est entièrement en cuivre.

M. Deprez, s’inspirant du principe qui, dans son galvanomètre à arête de poisson, a si bien réussi : à savoir que l’indicateur, dans un instrument de mesure, doit être puissamment maîtrisé, — se proposait, un jour, de construire une balance qui, placée près d’un puits de mine, pourrait peser deux ou trois cents bennes à l’heure, inscrire le poids de chacune et, à la fin de la journée, se charger elle-même de l’addition. L’enregistrement et l’addition par machine ne sont pas des nouveautés, la rapidité des pesées fait tout le progrès; il serait de haute importance.

Je ne parlerai d’une machine à résoudre les équations que pour rappeler une objection faite par un savant professeur de l’École des mines, J. Callon, et qui d’abord troubla l’inventeur. La machine est construite de telle sorte qu’après avoir disposé des poids donnés en des positions assignées par les coefficiens des différens termes, la position d’équilibre fait connaître la racine. « S’il n’y a pas de racine réelle, dit M. Callon, vous avez donc obtenu le mouvement perpétuel. » M. Deprez resta sans réponse. Il dut revoir sa machine sur le papier, où elle est encore, pour y découvrir un poids, représentant le terme tout connu, et qui, descendant toujours, laisse le mouvement sans fin de la machine s’accorder avec les principes. Cette machine se rattache à un principe fort simple, dont les conséquences