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la liberté du trafic avec les Japonais reste soumise à de nombreuses restrictions qui ne tarderont sans doute pas à disparaître, le gouvernement de Yédo étant plus libéral que celui de Pékin et semblant mieux disposé à se rapprocher des idées et des pratiques européennes. En 1875, le commerce extérieur du Japon atteignait à peine 150 millions de francs ; il a dépassé 300 millions en 1881. Dans ce dernier chiffre, l’Angleterre figure pour 110 millions ; les États-Unis, pour 75 ; la France, pour 57 ; la Chine, pour 55. Au Japon comme en Chine, ce sont les paquebots de la compagnie des Messageries qui entretiennent le mouvement du commerce français. Bien que l’ensemble des transactions européennes ait doublé depuis 1875, les progrès ne sont pas en rapport avec les ressources que l’on attribue au Japon. Ici encore on peut compter sur l’avenir, pourvu que les choses suivent leur cours naturel et que la paix ne soit point troublée dans l’extrême Orient.

Le royaume de Siam ne figure que pour une somme assez minime dans la statistique commerciale de l’Asie : 32 millions à l’importation et 48 millions à l’exportation, soit un mouvement total de 80 millions. Le riz est la principale culture de Siam ; il s’en exporte chaque année pour une valeur de 30 millions. Le trafic appartient en grande partie aux Anglais et aux Chinois. Là, comme partout, les Chinois ont accaparé les cultures et le commerce de détail. Les renseignemens fournis par les consuls ne permettent pas d’espérer un accroissement très sensible des opérations avec Siam, bien que le gouvernement de ce pays manifeste les dispositions les plus bienveillantes à l’égard des étrangers.

Quant à l’empire d’Annam, la statistique ne le cite guère que pour mémoire. Ses relations avec l’étranger sont insignifiantes. C’est un pays mal gouverné, sans industrie, dépourvu de routes. Les rares échanges qu’il effectue avec le dehors passent par Saïgon ou par le fleuve Rouge. Il n’y’a d’intéressant à étudier pour nous, dans cette région, que notre colonie de Cochinchine, à laquelle se rattache la récente question du Tonkin.

La population de la colonie est de 1 million 600,000 habitans, soit 1,431,000 Annamites, 102,000 Cambodgiens, 50,000 Chinois, et seulement 1,707 Européens, parmi lesquels on compte l,642 Français[1] qui résident, pour la plupart, dans l’arrondissement de Saïgon. Ces chiffres se rapportent à l’année 1881. Sur 21,116 patentés, c’est-à-dire chefs de familles exerçant un commerce ou une industrie, on ne compte que 124 Européens : en réalité, la population française ne se compose

  1. La statistique officielle publiée par le gouvernement de la Cochinchine porte le chiffre de 1,862 Français ; mais elle comprend dans ce chiffre 220 Asiatiques, sujets français. En déduisant 700 femmes ou enfans, on voit ce qu’il reste d’électeurs français. La Cochinchine élit un député.