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dans la rue de la Chaussée-d’Antin. A la création de la Banque de France, en 1800, le nom de M. Guillaume Mallet figure parmi les premiers régens de cet établissement. En 1813, il reçut de l’empereur le titre de baron. Ses deux fils, MM. James et Jules Mallet avaient épousé Mlles Emilie et Laure Oberkampf, filles du célèbre industriel qui, en 1760, avait fondé les établissemens et manufactures de toiles peintes de Jouy et la filature d’Essonne. Le fils aîné de Guillaume Mallet succéda à son père comme régent de la Banque de France et fut de même remplacé dans ces fonctions électives par son fils Alphonse Mallet, l’aîné de ceux qui portent aujourd’hui ce nom honorable et honoré. Nous avons choisi la maison Mallet comme un exemple des aptitudes de la haute banque parisienne, nous aurions pu en citer d’autres qui se partagent la même faveur et jouissent comme elle d’une grande notoriété, les Hottinguer, les Seillière, Pillet-Will, Perier, etc., et surtout celles dont les chefs font partie du conseil des régens de la Banque de France; nous n’avons point voulu chercher des modèles à l’étranger, où bien de hautes situations se présentaient aussi à notre esprit; les noms de MM. Rothschild et de MM. Mallet suffisent à faire aisément comprendre le rôle que les banquiers sont appelés à jouer dans les rapports de peuple à peuple, et dans toutes les grandes affaires du commerce et de l’industrie.

C’est au commerce parisien par excellence et pour chaque spécialité d’affaires que prêtent leur concours des maisons, dites banques de recouvrement et d’escompte, dont la notoriété n’est pas aussi grande dans le public en général, mais qui, dans un monde spécial, jouissent d’une excellente réputation, et nous avons cité comme exemples MM. Lehideux et Claude Lafontaine. Ces banquiers forment ensemble une sorte de corporation qui, sans atteindre le haut rang des maisons cotées numéro 1 dans les classifications de la Banque de France, se confondent presque avec elles et possèdent un crédit indiscutable. Ils se distinguent surtout par la spécialité de leur clientèle et de leurs transactions, s’occupant chacun des intérêts d’une branche d’industrie : articles de Paris, fonderies, cristaux, etc.. Les banquiers de cet ordre sont aussi répandus dans les principales villes de province et y tiennent le rang le plus honorable, de même qu’ils y rendent les plus signalés services. Les Galline, les Morin-Pons, à Lyon; les Samazeuilh et Piganeau fils, à Bordeaux, peuvent servir d’exemples. Le commerce de la soie ou du vin y est exercé par de très riches négocians : leurs banquiers sont en quelque sorte leurs commanditaires ou leurs associés. Ce qui importe surtout à ces commerçans, c’est la discrétion dans les achats, et dans les opérations la promptitude.