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MŒURS FINANCIERES
DE LA FRANCE

LES BANQUIERS ET LES BANQUES.


I.

Le temps où nous sommes se signale par d’étranges contradictions. Jamais les faits n’ont parlé avec plus de clarté ni les leçons que donne l’expérience ne se sont révélées avec plus d’évidence; faiblement contestées d’abord, on a dû promptement en reconnaître la justesse, confesser la nécessité de s’y conformer. Le jour de l’application est-il donc enfin venu? Pas encore; on hésite et on attend, ou bien on ne se résigne que de mauvaise grâce, et quand des remèdes énergiques seuls pourraient amener la guérison, les palliatifs et les demi-mesures continuent toujours d’être employés de préférence.

Qui conteste l’urgence de mettre un frein aux dépenses ministérielles, de faire cesser le déficit des budgets, d’introduire de l’ordre dans les travaux publics, d’arrêter l’accroissement de la dette flottante? Assurément personne. Nous ne voulons d’autre preuve de l’entente générale sur tous ces points que l’accord entre nos grandes compagnies de chemins de fer et l’état, accord qui, repoussé par des adversaires si passionnés et soulevant tant d’irritantes questions,