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anglais lui-même au taux de 3 1/4 pour 100. Ce second canal devra être achevé, autant que possible, en 1888. Quoi qu’il en soit, depuis que le bruit de l’entente s’est répandu, les cours des actions se sont relevés de plus de 200 francs.

Ainsi, hausse du Suez et vote probable des conventions avant les vacances, tels sont les motifs qui ont rendu un peu de courage aux acheteurs, engagé les vendeurs à procéder prudemment à des rachats et à porter le 5 pour 100 aux environs de 109 francs.

Ce mouvement de reprise aura-t-il quelque durée ? il y a bien des raisons de répondre affirmativement. L’argent est très abondant et va l’être bientôt plus encore par la rentrée dans la circulation de centaines de millions de francs provenant de la mise en paiement des coupons de juillet. Les cours ont été suffisamment dépréciés depuis tant de temps que se prolonge la baisse ou l’atonie du marché ; le reclassement de l’ancien 5 pour 100, qui va devenir effectivement en août du 4 1/2, pourrait s’effectuer aisément aux cours actuels ; enfin, de tous côtés, parviennent d’excellentes nouvelles des récoltes. Il est vrai que le choléra continue à sévir en Égypte, que dans quelques jours les événemens du Tonkin vont prendre une tournure intéressante, que l’état de santé du comte de Chambord est devenu une cause de préoccupations politiques ; mais l’affluence des capitaux et la bonne qualité des récoltes n’en restent pas moins des argumens très puissans pour l’amélioration des cours.

La hausse des actions des chemins de fer s’est soutenue, plus sans doute par suite des rachats du découvert que par les avantages que le vote des conventions assurera aux actionnaires des compagnies. Celles-ci verront leur situation mieux définie, plus solidement assise, garantie par les engagemens pris contre les fantaisies économiques des politiciens ; l’état bénéficiera par l’allégement de ses charges et par le relèvement de son crédit. Quant aux actionnaires, ils ne verront pas de longtemps les plus-values de recettes nettes commencer à grossir les dividendes.

La spéculation ne s’est pas plus occupée cette quinzaine que les précédentes des titres des établissemens de crédit, que les capitaux de leur côté négligent complètement. Parmi les chemins étrangers, il faut mettre, d’un côté, les Autrichiens et les Lombards tenus avec fermeté, et, de l’autre, le Saragosse, le Nord de l’Espagne et les Portugais, plutôt faibles. L’Italien a reculé presque subitement d’une unité à la veille du détachement de son coupon semestriel. Il s’est ensuite relevé partiellement en suivant la marche de nos fonds publics. Les valeurs orientales, l’Unifiée surtout, se sont remises de l’émoi qu’avaient provoqué les télégrammes des bords du Nil.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.