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limite sera de 0,0037. Cette limite sera presque atteinte et le régime deviendra constant quand l’air aura été renouvelé trois fois, car la proportion d’acide dépasse dès lors 0,0035. Si l’espace alloué n’est que de 1 m. c., comme nous savons que cela arrive parfofs dans les amphithéâtres et autres lieux de réunion, il suffira d’une demi-heure pour amener cet état de choses ; si l’espace cubique est porté à 10 m. c, il faudra cinq heures, et dix heures s’il est porté à 20 m. c, pour atteindre le même degré d’altération.

Tel serait donc l’effet d’une ventilation à raison de 6 m.. c. par heure, suivant la capacité de l’enceinte. En élevant la ration d’air à 30 m. c, la proportion limite devient 0,0011, et on peut admettre qu’elle est atteinte quand l’air a été renouvelé deux fois (la proportion actuelle étant alors 0,0010). Cela arrive au bout de 4 minutes pour un espace de 1 m. c, après 40 minutes pour 10 m. c, etc. Mais le retard ainsi obtenu n’a plus la même importance que dans le cas précédent, puisque la limite de 0,001 caractérise l’air respirable.

La considération de l’espace cubique peut donc être reléguée au second plan, lorsqu’on est assuré d’une ventilation énergique, d’au moins 30 m. c. par heure. Elle reprend son importance lorsqu’on n’a d’autre ressource que la ventilation naturelle, car il est évident que cette ventilation sera facilitée par l’étendue des surfaces libres exposées à l’air extérieur, par le nombre des portes et des croisées, etc. Enfin, il ne faut pas perdre de vue qu’une même quantité d’air traversera plus facilement un grand espace qu’un espace très petit, sans produire des courans incommodes ; un grand espace permettra de modérer la vitesse du mouvement, et de renouveler l’air moins souvent. De l’avis de MM. Putzeys, il convient de ne pas le renouveler plus de trois fois par heure.

Il faut nous garder de confondre la ventilation, qui peut s’opérer d’une manière uniforme et presque insensible, avec les vents coulis ou a courans d’air, » dont tout le monde connaît les fâcheux effets. Les courans d’air nous incommodent en refroidissant une seule partie du corps. Bien souvent d’ailleurs la sensation de froid n’est produite que par le rayonnement du corps vers des objets voisins qui sont à une température basse ; ces sortes de « courans » sont arrêtés par un simple rideau de laine, qui est cependant très poreux, mais qui suffit pour intercepter les rayonnemens calorifiques. Les refroidissemens occasionnés par les courans d’air portent le trouble dans les fonctions des nerfs vasomoteurs ; ils provoquent un resserrement trop brusque des capillaires de la peau et, par là, bouleversent la circulation. C’est ainsi qu’un verre d’eau froide, bu lorsqu’on est échauffé, peut troubler la circulation du dedans au dehors.