Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 58.djvu/435

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était respectivement de 13mc,6 et de 11mc,5 ; on a trouvé un peu plus de 3 millièmes d’acide, et de 7 à 8 grammes de vapeur d’eau. Or la respiration des soldats avait dû dégager quatre ou cinq fois plus d’acide, et leur transpiration quatre ou cinq fois plus de vapeur ; l’air avait donc été renouvelé plusieurs fois, grâce à la ventilation naturelle, favorisée ici par l’ouverture fréquente des portes. En outre, une partie de la vapeur d’eau s’était sans doute condensée sur les murs (l’air n’était saturé qu’aux trois quarts). Dans une chambre de la caserne du quai d’Orsay, où les conditions étaient assez défavorables (espace cubique : 8m,5), on a trouvé 9 millièmes d’acide carbonique et 9« r,6 de vapeur d’eau : la moitié de l’acide et à peine le quart de la vapeur dégagée, qui avait dû se condenser en grande partie. Enfin, dans une chambre close de 13 mètres cubes, où M. Leblanc avait séjourné pendant dix heures, après avoir collé du papier sur toutes les jointures, la proportion d’acide carbonique n’a atteint que 6 millièmes 1/2, à peu près la moitié de la dose que pouvait fournir la respiration. — Une série de déterminations entreprises plus récemment en Angleterre par le docteur F. de Chaumont dans un grand nombre de casernes, d’hôpitaux et de prisons, ont donné, au maximum, 2 millièmes pour les casernes et les hôpitaux, 3 millièmes 1/2 pour les cellules des prisons.

M. Pettenkofer a eu l’idée ingénieuse de se servir du dosage de l’acide carbonique pour mesurer la ventilation spontanée, ou la vitesse avec laquelle l’air se renouvelle peu à peu. Il suffit pour cela de développer artificiellement, dans une chambre, une quantité exactement connue de ce gaz, et de déterminer, par des dosages répétés, la quantité d’acide qui disparait dans un temps donné[1]. Ce procédé donne de bons résultats toutes les fois qu’on n’a pas à craindre l’absorption de l’acide carbonique par le mortier encore trop frais des murs. En évaluant, par ce moyen, la ventilation de divers locaux, et en observant ensuite, dans les mêmes locaux, le degré d’altération de l’atmosphère résultant de la présence d’un certain nombre de personnes, M. Pettenkofer a trouvé que l’atmosphère conservait une qualité satisfaisante quand l’air était renouvelé à raison de 60 mètres cubes par heure et par tête. La proportion d’acide carbonique restait alors inférieure à un millième. Je crois que ce résultat pourrait s’obtenir à moins de frais, avec 30 ou 40 mètres cubes par heure ; mais je veux d’abord citer quelques faits curieux, constatés par le procédé qui vient d’être expliqué.

Les expériences ont été faites dans une chambre à murs de

  1. Le calcul montre que l’excès d’acide diminue en progression géométrique, de telle façon qu’il se trouve réduit à moitié quand la ventilation a renouvelé 7 dixièmes de l’air confiné, au quart après un temps double, au huitième après un temps triplé, et ainsi de suite.