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pour 100 d’eau libre, sans trace d’eau d’hydratation. A son avis, le mieux serait encore de chauffer plusieurs pièces et d’y déterminer le degré hygrométrique de l’air avant et après le chauffage. La question demande à être étudiée d’une manière plus complète.

On s’étonne souvent de voir l’humidité reparaître sous forme de taches lorsqu’une maison, en apparence complètement sèche, commence à être occupée. Quelques chimistes ont voulu expliquer ce phénomène en l’attribuant à un dégagement d’eau qui aurait lieu dans la substance même du mortier. Cette eau, disent-ils, est mise en liberté par la transformation définitive de l’hydrate de chaux du mortier en carbonate de chaux, sous l’influence de l’acide carbonique qui existe dans l’atmosphère des appartemens habités. D’après M. Pettenkofer, cette explication est inadmissible, car la quantité d’eau que, peut encore retenir l’hydrate de chaux à l’état de combinaison représente à peine 5 pour 100 du poids d’eau libre que renferme la maçonnerie quand la maison vient d’être terminée, et il faudrait que tout ce liquide eût été éliminé par l’évaporation pour que l’eau de l’hydrate pût jouer un rôle dans la production de l’humidité. L’apparition des taches a une cause beaucoup plus simple : elles sont produites par la condensation de la vapeur atmosphérique, qu’un faible abaissement de température suffit à provoquer. L’eau se dépose alors en gouttelettes sur les vitres des fenêtres fermées, tandis qu’elle est absorbée par les tentures sans en altérer l’apparence, si les murs sont déjà secs dans toute leur profondeur. Mais les murs d’une maison neuve, trop souvent, ne sont encore secs qu’à la surface, et alors il suffit d’une condensation relativement faible pour remplir d’eau les pores des tentures et faire apparaître des taches d’humidité. C’est surtout lorsqu’on commence à chauffer les chambres que cet inconvénient se produit fréquemment : l’eau s’évapore là où l’action du feu échauffe les murs, et va se condenser sur ; les surfaces qui sont restées froides.

Ainsi l’aération est le remède souverain pour l’humidité des maisons, et elle est favorisée par l’emploi de matériaux poreux. À ce point de vue, des déterminations directes de la porosité, de la perméabilité et. de l’hygroscopicité des divers matériaux de construction offrent un grand intérêt. MM. Putzeys, dans le livre que j’ai déjà cité, ont réuni à peu près tout ce qui a été publié sur cette matière. On y verra, par exemple, que, dans les pierres les plus employées pour la bâtisse, les pores occupent une fraction importante, du volume total. D’après Hunt, cette fraction qui exprime la porosité est de 0,07 à 0,20 pour certains grès, de 0,06 à 0,14 pour diverses dolomites, de 0,30 pour le calcaire tendre de Caen. La prorosité du grès filtrant de Malte est aussi de 30 pour 100). Mais ces chiffres ne permettent pas de prévoir quelle sera la perméabilité