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d’air, un vent modéré pourrait, à la vérité, l’amener en vingt-quatre heures sur la superficie exposée ; mais il est clair que l’humidité ne sera enlevée qu’à mesure qu’elle sortira de l’épaisseur des murailles pour arriver à la surface, et qu’ainsi le temps exigé, pour la dessiccation plus ou moins complète pourra être très long. Un chauffage convenable hâtera beaucoup l’assèchement des murs, à la condition que l’air soit sans cesse renouvelé. En portant, par exemple, la température d’une chambre, de 10° à 20°, on obtiendra en effet cinq ou dix fois plus grand : d’abord parce qu’on aura augmenté la capacité d’absorption de l’air (100 mètres cubes d’air, qui, à 10°, ne pouvaient recevoir que 200 ou 250 grammes de vapeur, en pourront maintenant recevoir près de 1,000 grammes) ; ensuite, parce que l’élévation de la température favorisera la ventilation. — A Paris, on se sert maintenant, pour le séchage des bâtimens neufs, de foyers mobiles remplis de coke et munis de réflecteurs en tôle ; ils sont surmontés de tuyaux qu’on peut incliner vers les murs, et portés par des chariots qui permettent de les promener de chambre en chambre.

Dans les villes où il existe des règlemens de police concernant l’occupation des maisons nouvellement bâties, des experts sont chargés de constater l’état de siccité des murs. Mais quel est le critérium sur lequel on se fonde ? L’expert regarde, tâte, frappe les murs avec un petit marteau ; il faut une grande habitude pour établir ainsi un diagnostic sérieux. On arrive à des résultats un peu plus sûrs par l’analyse de fragmens de plâtre ou de mortier détachés des murs en des points convenablement choisis. MM. Putzeys, dans l’excellent traité d’hygiène appliquée à l’art des constructions qu’ils viennent de publier[1], citent plusieurs méthodes qui servent à déterminer les proportions d’eau libre et d’eau d’hydratation dans les matériaux recueillis (méthodes de Lassaigne, de Glässgen). Malheureusement l’état du mur peut être très différent suivant l’endroit qu’on examine, et l’on s’y trompera facilement. On n’est pas d’accord sur la proportion limite qui devra être tolérée. Lassaigne fixe à environ 20 pour 100 la proportion d’eau, tant libre que combinée, que le plâtre pourra contenir sans danger au moment de l’entrée dans les habitations. D’après M. Pettenkofer, il convient que l’eau libre, dans le mortier, ne dépasse pas 4 ou 5 pour 100. Le célèbre hygiéniste cite le cas d’un vieux presbytère, réputé malsain bien qu’il eût été habité depuis cent ans, et dont les murs furent examinés sur les instances du curé ; le mortier contenait encore 18

  1. L’Hygiène dans la construction des habitations privées, par le docteur Félix Patzeyd, professeur d’hygiène à l’université de Liège, et M. E. Putzeys, lieutenant du génie. Bruxelles, 1882 ; H. Manceaux.