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de chemises de diverses étoffes, et rempli d’eau à 50 degrés. Il a constaté que le refroidissement était plus rapide avec une enveloppe de toile de coton ou de chanvre qu’avec une enveloppe de drap. En exposant au soleil des tubes de verre garnis d’enveloppes, il a vu les tissus blancs de coton s’échauffer beaucoup moins que le drap bleu. A l’ombre, en opérant avec la chaleur obscure, la couleur des étoffes paraissait à peu près indifférente.

Les expériences les plus récentes sont celles du docteur Krieger, dont M. Pettenkofer cite quelques résultats. M. Krieger a observé la marche du refroidissement d’un cylindre de tôle rempli d’eau chaude et recouvert tour à tour de diverses étoffes. En le revêtant successivement d’une enveloppe de laine, de peau de daim, de soie, de coton, de toile, et en notant toujours l’abaissement de la température dans un temps donné, il n’a trouvé que des différences insignifiantes, ne dépassant pas 1 ou 2 pour 100. La couleur des étoffes n’a pas fait varier davantage les résultats. Il semblerait donc que, tant qu’il s’agit de chaleur obscure, le pouvoir émissif, et le pouvoir absorbant qui en est corrélatif, ne varient guère d’une étoffe à l’autre. Il n’en est plus de même lorsqu’il s’agit de chaleur lumineuse, c’est-à-dire des rayons solaires. Avec des enveloppes de toile, de coton, de flanelle, de soie, M. Krieger a vu l’absorption de chaleur s’élever dans les proportions indiquées par les nombres suivans : 90, 100, 102, 108. Beaucoup plus grande a été l’influence de la couleur ; pour des cotonnades diversement teintes, il a trouvé les nombres ci-après :


Blanc 100 Vert foncé 168
Paille 102 Rouge turc 165
Jaune 140 Bleu clair 198
Vert clair 155 Noir 208

Ces nombres expliquent pourquoi, au grand soleil, un vêtement noir est beaucoup plus chaud qu’un vêtement blanc, tandis que la différence disparaît lorsqu’on se trouve à l’ombre. Au demeurant, l’influence des couleurs sur les pouvoirs absorbans des surfaces avait été déjà mise en lumière par les recherches de Leslie et de Melloni.

Pour avoir une idée du rôle que joue, dans ces phénomènes, la conductibilité proprement dite des diverses matières, M. Krieger a cherché dans quelle mesure la déperdition de calorique diminuait lorsque le cylindre était recouvert d’une couche double des mêmes étoffes. Il s’est trouvé qu’en doublant la couche de satin, de cotonnade, de toile fine, on ne diminuait la perte de chaleur que de 3