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en complétant, à point nommé, l’action de la conductibilité et du rayonnement.

Le rayonnement nous enlève donc une forte partie du calorique produit en excès. L’intensité de cette radiation, par laquelle la chaleur du corps va se dissiper alentour, est proportionnelle à la différence qui existe entre la température propre du corps et celle du milieu ambiant ; elle augmente dans le voisinage d’un objet très froid. On s’explique ainsi, par exemple, cette sensation de froid qui persiste, après que le feu a été allumé dans une pièce qui n’avait pas été chauffée depuis longtemps, quand la température de l’air, dans cette pièce, approche déjà de 20 degrés, tandis qu’on s’y trouve à son aise avec une température de 17 degrés seulement après un chauffage réitéré. C’est que, dans le premier cas, les murs et les meubles sont encore froids et nous soutirent beaucoup de calorique en provoquant le rayonnement du corps. La perte devient moindre, et la sensation de froid disparait, une fois que les objets qui nous entourent ont pris une température d’environ 15 degrés. On comprend aussi qu’il soit dangereux, en hiver, de rester longtemps assis près d’un mur, d’une fenêtre, qui refroidit un seul côté du corps par un rayonnement excessif.

C’est pour une raison analogue qu’on a trop chaud dans une salle remplie de monde, quand la température de l’air n’y dépasse pas 20 degrés. En effet, la présence d’un grand nombre d’individus, qui tous ont une température propre de 37 degrés, empêche le rayonnement latéral, et l’excès de chaleur n’est plus enlevé que par les courans d’air ou par une transpiration plus abondante. On s’évente alors, afin d’activer le refroidissement par convection et par évaporation, en amenant une plus grande quantité d’air au contact de la peau. Et si, quittant la salle où l’on étouffe, on va « respirer » dans une pièce voisine restée vide, on s’étonne d’apprendre que, dans cette pièce, un thermomètre marquerait à peu près la même température que dans la salle ; on y a moins chaud parce que le corps y rayonne plus librement. — L’agréable sensation de fraîcheur que nous procure l’ombre des forêts est due à la température relativement basse des arbres qu’une évaporation active maintient à environ 5 degrés au-dessous de la température de l’air : ils facilitent ainsi le rayonnement de la peau.

Le corps humain se refroidit encore, nous l’avons dit, par convection, en échauffant l’air qui le baigne, et la perte est d’autant plus sensible que l’air est plus froid, et plus souvent renouvelé. Un individu peut se comparer à un calorifère autour duquel montent incessamment de faibles courans qui emportent de l’air chaud ; pour en constater l’existence, il suffit, d’après M. Pettenkofer, de placer