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les matériaux dont se sert l’architecte ne sont guère étudiés qu’au point de vue économique. Sur la fonction des vêtemens, sur l’hygiène des habitations, bien des recherches resteraient à faire ; à en juger par les résultats déjà obtenus, ceux qui les entreprendraient ne perdraient pas leur temps. C’est en parcourant les remarquables conférences de M. Pettenkofer, ou le livre que viennent de publier MM. F. et E. Putzeys, qu’on peut se faire une idée de la grandeur du champ qui s’ouvre ici aux expérimentateurs familiarisés avec les méthodes scientifiques. J’essaierai, en profitant de ces publications récentes, d’exposer brièvement ce que la science peut nous apprendre sur les maisons et les vêtemens considérés dans leurs rapports avec l’atmosphère.


I

Le vêtement est comme une armure qui nous aide à soutenir le combat contre les élémens, et l’importance de cette enveloppe protectrice s’accroît à mesure que l’homme s’éloigne des contrées chaudes pour habiter des climats plus rigoureux. Est-ce pour lui laisser toute liberté de se vêtir à son gré, de s’accommoder aux climats, aux saisons et aux heures du jour, que la Providence s’est dispensée de le pourvoir d’un vêtement naturel ? Les fourrures et les plumages si libéralement départis aux animaux ne leur constitueraient plus dès lors une supériorité, et ce point de vue n’a pas échappé aux anciens philosophes qui se sont demandé si les animaux avaient été mieux ou moins bien traités que nous.

La maison, à son tour, n’est pour ainsi dire qu’un vêtement amplifié, vêtement temporaire, plus solide que l’autre, et pouvant nous fournir un abri autrement sérieux. Réduite à une simple tente, elle ne laisse pas de présenter quelque analogie avec le manteau. Comme le vêtement, la maison a donc été inventée pour nous protéger ; mais l’une des erreurs les plus communes, erreur qui a donné lieu à bien des contresens en matière d’installation et d’habillement, consiste à regarder la maison et le vêtement comme essentiellement destinés à nous isoler de l’air extérieur. La vérité, c’est que l’une et l’autre ne sont que des régulateurs de nos indispensables et incessans rapports avec l’air ambiant.

Ces rapports ne peuvent être bien compris si nous n’essayons pas de nous rendre compte des phénomènes complexes par lesquels se maintient, au milieu des influences les plus diverses, la température du corps. On sait d’abord que la chaleur animale est produite par les métamorphoses chimiques qui s’accomplissent dans les tissus, et principalement (mais non exclusivement) par la