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peu de chose sur la croyance à la suprématie de Pierre. Deux ou trois verres dorés fort tardifs, et peut-être certaines sculptures informes et réparées du Ve siècle le substituent à Moïse dans l’acte de faire jaillir l’eau du rocher. Quelques figures de l’apôtre où il est mis sur le pied d’égalité avec saint Paul, quelques représentations où tantôt lui, tantôt saint Paul lui-même, reçoit la loi nouvelle des mains de Jésus, et c’est tout. Pas une allusion à une doctrine qui est devenue capitale avec le temps dans l’église. » Comment mieux déclarer que tout ce chapitre est étranger à une étude des catacombes et constitue un morceau qui peut être solide, mais est certainement parasite ? Un travail sur la carrière apostolique de saint Pierre et sur la question de la date de sa venue et de son séjour à Rome, question encore ouverte, quoi qu’on dise, serait tout aussi bien à sa place ici. On en pourrait dire autant des pages qui se rapportent au crucifix, dont il n’y a pas l’ombre d’une image dans les catacombes, et à celles qui se rapportent au culte de la sainte Vierge. Ses rares représentations dans les cimetières souterrains de Rome et l’absence absolue de toute mention à son sujet dans les épitaphes funéraires montrent assez quelle faible place elle tenait dans la pensée des fidèles des premiers siècles. Ces quelques hors-d’œuvre que nous signalons dans l’ouvrage de M. Roller ont pour origine évidente les préoccupations polémiques qui trop souvent l’ont inspiré.

Par contre, on pourrait noter çà et là quelques desiderata ou d’insuffisans renseignemens sur des points essentiels. Les quelques pages de l’introduction consacrées aux différentes nécropoles souterraines de Rome paraissent un peu courtes. Ne sait-on rien de plus sur celle de Saint-Sébastien et sur celle de Sainte-Agnès, par exemple ? connaît-on l’époque où elles ont été creusées ? sait-on quels sont les personnages sous les noms desquels on les désigne ? Qu’est-ce que saint Sébastien et sainte Agnès ? qu’y a-t-il d’historique dans les Actes qui racontent le martyre de l’un et celui de l’autre ? On nous donne de plus abondans détails sur le cimetière de Calliste et le caveau de sainte Cécile. Mais les conclusions de M. de Rossi sur la date du martyre de cette dernière ne sont-elles pas adoptées un peu vite ? De même pour la crypte dite des papes, pour les inscriptions et peintures qu’on y a trouvées et le martyre inscrit de plusieurs de ces personnages, on eût souhaité un supplément de lumière.

Quoi qu’il en soit de ces critiques et de quelques autres infiniment plus chétives dont on pourrait grossir les errata[1], l’ouvrage de

  1. Ces errata porteraient sur des traductions certainement inexactes d’épitaphes ou de textes littéraires, sur des mots latins ou grecs incorrectement écrits, comme auggestum pour suggestus, τιμεϊν pour τιμάν, sur des explications évidemment fautives de sigles, sur des indications chronologiques erronées, etc.