Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 58.djvu/371

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

souterrains de la ville éternelle et d’une pratique journalière des localités et des monumens épigraphiques et figurés. Au commencement de la substantielle introduction de cet important ouvrage, M. Th. Roller, après avoir rappelé et caractérisé avec précision les divers travaux dont les catacombes de Rome ont été l’objet depuis la Roma sotterranea de Bosio, publiée en 1634, s’exprime ainsi : « Il n’est plus possible de rien écrire sur ces matières sans avoir entre les mains non-seulement les trois volumes de la Roma sotterranea de M. de Rossi, mais encore les Inscriptiones christianœ urbis Romœ, son Bulletino di archeologia cristiana et les autres écrits dont il a enrichi la science. » Puis, après avoir noté les merveilleuses facultés d’intuition qui ont conduit M. de Rossi à tant de belles découvertes, M. Roller ajoute : « Dans les questions de fait, M. de Rossi est encore le guide le plus sûr qui ait mis ses lumières au service du public. Nous ne saurions assez dire quelle reconnaissance lui doivent la science et l’art. C’est sur ses renseignemens que nous marchons, sans abdiquer notre liberté de jugement. »


I

Le très considérable ouvrage de M. Théophile Roller est tout autre chose qu’une interprétation, une vulgarisation ou un résumé de la Rome souterraine de M. de Rossi. C’est un livre indépendant et personnel. Son sous-titre porte : Histoire de l’art et des croyances religieuses pendant les premiers siècles du christianisme, — au sein du christianisme primitif, bien entendu. Les catacombes de Rome sont la source principale où l’auteur a cherché les élémens de cette double histoire, mais non la source unique. Au besoin, il invoque d’autres monumens écrits ou figurés qui se trouvent dans les musées et dont la provenance n’est pas toujours certaine. Il fait appel aussi parfois, au moins pour l’étude des croyances, aux textes des pères et des docteurs de l’église, lesquels lui servent à commenter ou à contrôler les témoignages qu’il tire des épitaphes et des monumens figurés, et où il croit pouvoir appuyer ses thèses.

Il y a, en effet, dans cet ouvrage, je n’oserais dire un système préconçu ou un parti-pris, mais des thèses particulières qui tournent autour d’une thèse générale, en relèvent, et en forment comme les divers chapitres ; c’est à savoir que nombre de doctrines, d’institutions et de rites, qui paraissent l’essence même du catholicisme tel qu’il est compris et pratiqué aujourd’hui, sont les déviations des croyances ou des coutumes du premier âge de l’église chrétienne, et, relativement à celle-ci, des nouveautés. Quoi qu’elle vaille en général, cette thèse est une thèse protestante,