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de l’état de Tennessee. Mais il était loin d’être en faveur auprès du président Madison, dont il venait de combattre la réélection, et il semblait peu probable qu’il fût appelé à exercer un commandement dans cette guerre. Cependant, dès le 25 juin, il se mit à la disposition du gouverneur de l’état avec deux mille cinq cents volontaires de sa division, et, à la fin d’octobre, il reçut l’ordre de rejoindre à la tête d’un détachement de quinze cents hommes les troupes réunies à la Nouvelle-Orléans sous le commandement du général Wilkinson en prévision d’une descente des Anglais sur le golfe du Mexique.

Les volontaires furent convoqués à Nashville pour le 10 décembre ; ils étaient tenus de fournir leurs armes, leurs munitions, leurs objets de campement et devaient être indemnisés de leurs avances par le gouvernement. Deux mille volontaires répondirent à cet appel. Ils formaient un régiment de cavalerie à la tête duquel était placé Coffee, l’ancien associé de la maison de commerce de Clover Bottom, et deux régimens d’infanterie, dont l’un avait pour colonel un jeune et ardent officier destiné à jouer plus tard un rôle politique, Thomas Benton.

Le 7 janvier 1813, l’infanterie s’embarqua sur une petite flottille et descendit le cours du Cumberland, de l’Ohio et du Mississipi jusqu’à Natchez, où se rendait de son côté la cavalerie.

Jackson annonça ce départ au secrétaire de la guerre dans un langage présomptueux et emphatique. « J’ai l’honneur de vous informer, lui écrivait-il, que je suis à la tête de deux mille soixante-dix volontaires, l’élite de nos concitoyens, qui vont à l’appel de leur pays exécuter la volonté du gouvernement, qui n’ont pas de scrupules constitutionnels et qui, si le gouvernement l’exige, se réjouiront de trouver l’occasion de planter l’aigle américaine sur les remparts de Mobile, de Pensacola et du fort Saint-Augustin, bannissant des côtes du Sud toute influence anglaise… »

Le moment n’était pas venu de réaliser ces ambitieuses espérances. Rien n’avait été préparé pour recevoir à la Nouvelle-Orléans les volontaires du Tennessee. Lorsqu’ils arrivèrent à Natchez, après trente-sept jours d’un voyage difficile, le général Wilkinson leur envoya l’ordre de s’arrêter dans cette ville et d’y attendre de nouvelles instructions. Ils y restèrent jusque dans les derniers jours de mars 1813. À cette époque, Jackson reçut une lettre du secrétaire de la guerre qui l’informait que les causes pour lesquelles il avait dû envoyer des renforts à la Nouvelle-Orléans avaient cessé d’exister et qui lui ordonnait de licencier les troupes au reçu de la dépêche. L’exécution de cet ordre était impossible. Les volontaires du Tennessee ne pouvaient être abandonnés sans ressources à