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effets de commerce payables à diverses échéances. Il avait négocié ces effets et en avait employé le produit à acheter des marchandises de diverse nature qu’il avait rapportées à Nashville pour en faire le commerce. Il avait continué à se livrer à ces lucratives opérations, tout en exerçant les hautes fonctions judiciaires dont il avait été revêtu, et il en espérait un notable accroissement de sa fortune, lorsque la faillite de la maison Allison l’obligea à acquitter les billets mis en circulation et lui créa de sérieux embarras pécuniaires. Il résolut alors de se donner tout entier à la liquidation de ses affaires, se démit des fonctions de juge, vendit sa propriété de Hunter’s Hill, ainsi que 25,000 acres de terres non cultivées, situées dans d’autres parties du Tennessee, et se retira au lieu dit l’Hermitage, situé aux portes de Nashville, pour y créer une plantation nouvelle. Ce domaine, cultivé par des esclaves et dont sa femme partageait avec lui la direction, ne tarda pas à devenir florissant : il s’y livrait avec un grand succès à la culture du coton, à l’élève du bétail et des chevaux et se montrait fort jaloux de sa réputation d’habile fermier. En même temps, il installait à Clover-Bottom, à quatre milles de l’Hermitage, une maison de commerce sous la raison sociale Jackson, Coffee et Hutchings. Son actif et intelligent associé Coffee entra dans sa famille en épousant une nièce de Mrs Jackson, devint quelques années plus tard son compagnon d’armes et s’illustra comme général de cavalerie dans la campagne de 1814. Les opérations commerciales auxquelles se livraient Jackson et ses associés étaient multiples. Ils vendaient aux gens du pays du sel, de la poudre, de la toile et du calicot qu’ils faisaient venir de Philadelphie ; ils recevaient en paiement du coton, du blé, du tabac, du porc, des fourrures qu’ils faisaient vendre sur le marché de la Nouvelle-Orléans. On assure même que, dans quelques circonstances, Jackson, qui n’éprouva jamais le moindre scrupule au sujet de la légitimité de l’esclavage, joignit à ces diverses branches d’industrie le commerce des esclaves.

Soit, que les résultats de ces opérations n’eussent pas répondu pleinement, à ses espérances, soit qu’il voulût se consacrer d’une manière exclusive au développement de son exploitation agricole, il abandonna au bout de quelques années son établissement de Clover-Bottom, pour se fixer définitivement à l’Hermitage. Sa modeste demeure se composait à l’origine d’un block-house de deux étages qui contenait trois pièces ; il y ajouta une autre maison de plus petites dimensions qu’il rattacha, à la première par un passage. Ces constructions primitives firent place, en 1819, à la spacieuse et confortable habitation dans laquelle il passa les vingt-cinq dernières années de sa vie et que l’état de Tennessee acheta, en 1856 pour l’offrir aux États-Unis.