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leurs réseaux. Depuis, plusieurs savans italiens s’en sont également occupés, surtout M. Tommasi Crudeli, professeur de physiologie à l’université de Rome[1]. Le second volume de nos Mélanges contient à la fois un mémoire de M. de La Blanchère, la Malaria de Rome et le Drainage antique, résumant les résultats qu’il a obtenus, et l’échange de vues diverses entre lui et M. Tommasi Crudeli sur la date qu’il conviendrait d’assigner à un tel système ; peut-être faudrait-il le croire antérieur à la conquête romaine : sa ruine aurait été la principale cause de la décadence de ces campagnes. — Ce n’est pas trop de l’alliance du physiologiste, de l’ingénieur géologue et de l’archéologue historien pour avancer le sérieux, examen et préparer peut-être la solution d’un problème d’où peut dépendre une meilleure connaissance, non-seulement du passé de l’Italie, mais aussi des conditions de tout progrès pour son présent et sont avenir. M. Pasteur a pris déjà grand intérêt à ce qui a été publié sur cette grave question de la malaria et de la fièvre romaine ; il y a lieu d’espérer qu’il en pourra bientôt commencer l’étude.

Après les monumens et les ruines visibles ou cachées, célèbres ou anonymes, les plus fidèles témoins de l’antiquité classique sont les objets si variés qu’offrent à l’étude les galeries archéologiques ou les musées d’art de Rome et de l’Italie. Ce peuple de personnages, divins ou mortels, qui revit en un si grand nombre de statues et de bas-reliefs, n’a-t-il pas son histoire ? Lesquelles, parmi ces innombrables sculptures, sont d’un art vraiment grec, et peut-être apportées de la Grèce ? N’a-t-on pas sous les yeux beaucoup de copies de l’école de Lysippe ? Rome n’offrirait-elle pas, pour le mythe de Minerve par exemple, pour d’autres encore, des variétés que la Grèce n’a qu’à peine connues ? Le Guerrier mourant du Capitole faisait-il partie du groupe donné par Emmène de Pergame au peuple romain, et dont le musée de Naples posséderait aussi de beaux fragmens ? Pourrait-on reconstituer et suivre les différens types de l’Amazone dérivés du célèbre concours mentionné par Pausanias entre les plus grands maîtres de la Grèce ? Et les mythes racontés sur les sarcophages, et les scènes, de la vie publique ou privée, et les apothéoses, les triomphes, les sacrifices, les processions religieuses, les combats ! — Il y a des épisodes dont l’explication, non encore définitive, importerait à notre étude des institutions romaines. Par exemple, sur l’une des stèles sculptées qui se dressent

  1. Della distrïbuzione delle acque nel sottosuolo dell’Agro romano e della sua influenza nella produzione della malaria. — Studi sulla natura della malaria, en collaboration avec M. Klebs. Mémoires publiés par l’Académie des Lincei en 1879 et 1881.