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prise, il y a dix ans, cinq livraisons in-folio ont paru : la Colonne Trajane de Percier, la Basilique Ulpienne de M. Lesueur, les Temples de Pœstum de M. Labrouste, etc. Mais ces travaux datent, quant à leur exécution, de 1788, de 1801, 1802, 1823, 1829. Si nous ne savions que le Temple d’Égine de M. Garnier doit paraître incessamment, et qu’une entente avec l’industrie privée nous donnera bientôt, les Thermes de Dioclétien de M. Paulin, nous pourrions croire que la commission se propose de suivre l’ordre chronologique des promotions, et Dieu sait alors quand les pensionnaires d’aujourd’hui auraient leur tour ! Il est clair qu’une telle entreprise, faite avec tout le soin matériel qu’elle exige, mais sans ressources d’argent assez considérables, ne peut atteindre le double but de donner sans trop de retards celles de ces restaurations qui représentent le dernier progrès de la science, et d’accorder aux auteurs, pendant leur vie, une récompense méritée. D’ailleurs les restaurations de troisième année n’appartiennent pas à l’état et ne doivent pas compter sur ce genre de publication. Il y aurait donc plusieurs motifs pour encourager l’École française de Rome à s’emparer de ceux de ces très intéressans travaux que la série officielle devra négliger. Après dix années seulement, on aurait ainsi une description de Rome comparable à celle que nous recherchons avec tant d’empressement, aujourd’hui parmi les dessins de San Gallo, de Balthasar Peruzzi et d’autres maîtres de la Renaissance.

En étudiant pierre par pierre un des plus beaux monumens du forum, le temple d’Antonin et Faustine, un des pensionnaires de l’École française, M, Lacour-Gayet, a découvert sur une des colonnes de la façade ce que nul architecte et nul antiquaire, croyons-nous, n’avait encore aperçu ou du moins signalé : de curieuses représentations gravées à la pointe, des graffiti ; des noms propres d’abord, puis tout un épisode à quatre, personnages, un homme luttant contre une bête féroce, une Victoire aux ailes déployées, etc. Faut-il y voir l’image d’un martyre ou une scène de gladiateur ? Est-ce seulement un oisif distrait qui a pris le temps et la peine de graver pour tant de siècles ces images datent sans nul doute de l’antiquité ? En les publiant à l’aide de la photographie dans notre recueil, M. Lacour-Gayet a saisi l’occasion de dresser un catalogue des principaux graffiti figurés qui sont aujourd’hui connus, particulièrement à Pompéi et à Rome. Aux plus célèbres, comme celui d’Alexamenos adorant son dieu crucifié, comme celui de l’âne tournant la loue du moulin : Labora, asselle, quomodo ego laboravi,.. que nous avons vu tomber en poussière il y a peu d’années, il en a ajouté d’inédits qui ont un réel intérêt, par exemple un portrait de Néron, esquisse