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pas un établissement définitif ; il n’y avait encore ni recrutement fixe ni. budget. La nouvelle École n’en était pas moins législativement fondée ; elle allait être entièrement constituée le 20 novembre 1875 par un décret spécial qui la séparait de l’École d’Athènes et lui donnait son nom. Ce résultat final, ainsi que le rapide développement qui l’avait amené, était dû au patriotique bon vouloir de divers ministres, particulièrement de M. Jules Simon depuis 1872, puis de M. Wallon, mais aussi et surtout à la persévérante énergie de M. Albert Dumont, auquel revient, pour une très grande part, le mérite de la fondation première. C’est lui qui, à travers mille difficultés, a su obtenir les assentimens officiels. L’École française de Rome une fois créée, il fut placé à la tête de cette École d’Athènes qu’il allait animer d’une vive ardeur ; mais c’était pour revenir bientôt continuer en France une carrière administrative commencée avec tant d’éclat. Devenu directeur de l’enseignement supérieur, il a beaucoup contribué au progrès scientifique de ces derniers temps. Quant à la direction de l’École de Rome, elle était confiée ou, pour mieux dire, imposée à qui, loin de rechercher ce péril, l’a connu et ressenti jusqu’au dernier jour.

Le décret du 20 novembre 1875 réglait d’abord le mode de recrutement. Les membres de l’École d’Athènes devaient encore passer une année entière en Italie ; mais c’était là un souvenir du passé qui ne persista pas. On s’aperçut que ce séjour hors de Grèce ne suffisait pas pour le choix et l’achèvement de sérieuses études locales et empiétait trop sur le temps réclamé par la vraie mission : on le réduisit jusqu’à l’annuler, peu s’en faut. Les six membres propres à l’École française de Rome étaient et sont encore choisis comme il suit. Au mois de septembre de chaque année, l’École normale supérieure, l’École des chartes et l’École des hautes études proposent chacune un ou plusieurs candidats. Ces candidats doivent être à l’avance ou agrégés ou munis des diplômes spéciaux à leurs études. Sur la proposition du directeur, qui a fait l’examen comparé des titres et qui sait les besoins de l’École, ils sont nommés pour un an : la pension leur sera renouvelée une seconde ou une troisième fois, selon le succès et l’exigence de leurs travaux. Les seules obligations réglementaires sont l’envoi annuel d’un mémoire que l’Académie des inscriptions et belles-lettres appréciera dans un rapport lu en séance publique[1], et la contribution au recueil

  1. Plusieurs de ces rapports, dus à M. Egger, sont reproduits dans le volume qu’il vient de publier sous ce titre : la Tradition et les Réformes dans l’enseignement universitaire. Souvenirs et conseils, volume d’un grand intérêt, qui raconte toute une vie consacrée au bien public, celle d’un des maîtres les plus respectés de notre temps.