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faut le dire, oublié son premier et son plus utile bienfaiteur. Le buste, et le médaillon de M. de Luynes occupent sur un des murs extérieurs et dans la grande salle de la bibliothèque actuelle une des premières places d’honneur. Le caractère international dont cet hommage est le meilleur symbole persiste même en quelque mesure. Les séances sont publiques, et l’usage de la langue allemande en est absolument exclu.

Là s’est concentrée, si l’on excepte les publications continues d’académies locales dont quelques-unes sont très dignes d’estime, presque toute l’activité italienne en fait de recherches archéologiques depuis 1830 jusqu’à nos jours. L’Institut rendait un grand service à l’Italie en établissant d’un bout à l’autre de la péninsule tout un réseau de correspondances régulières. Pour un pays politiquement encore si morcelé, c’était un commencement d’unification dans le domaine intellectuel, et par là une sorte de progrès national. Le nouveau royaume, à peine formé, allait tourner à son avantage le progrès accompli en commun ; il allait emprunter, pour ses propres intérêts, l’organisme établi depuis près d’un demi-siècle sur son propre territoire par des mains étrangères.

Cette œuvre récente est due tout entière à M. Fiorelli, le célèbre directeur et historien des fouilles de Pompéi. Sa renommée date d’il y a quarante ans. Ni la confiance du ministre Santangelo à Naples, ni plus tard celle du comte de Syracuse, qui l’avait pris en grande amitié pour, ses fouilles heureuses, ni sa belle publication des inscriptions osques ne le préservèrent de la persécution des Bourbons, de l’emprisonnement et de l’exil. Devenu, après la révolution italienne, directeur-général des fouilles et musées du royaume, il eut à cœur d’instituer promptement d’un bout à l’autre de la péninsule des inspecteurs et des custodes chargés d’une surveillance officielle pour tout ce qui concernait l’archéologie. Le premier de voir de ces fonctionnaires est la conservation des monumens antiques. Ils sont les représentans et les organes des droits de l’état sur chaque découverte nouvelle, dont ils doivent informer aussitôt la direction centrale. Ils surveillent le commerce des antiquités et les excavations des particuliers eux-mêmes sur leurs propres domaines. Pas une inscription, pas un bas-relief, pas une colonne ne doit revoir le jour sans qu’une relation soit envoyée à Rome, au ministère de l’instruction publique, dont fait partie la direction de M. Fiorelli. Ces rapports sont communiqués à l’Académie royale des Lincei, qui les imprime dans ses Mémoires. Des tirages à part en sont distribués, de manière à offrir une sorte de publicité régulière, sous ce titre : Notizie degli scavi di antichatà. C’est le journal officiel des fouilles.