Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 57.djvu/655

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Voilà tout un appareil plus abondant en Italie qu’en Grèce pour certaines branches de la science, et fait pour donner à l’ensemble des études de l’École française de Rome une plus grande variété.

Il y a toutefois une autre différence. L’École d’Athènes n’a pas été gênée dans sa liberté d’action par des concurrences nombreuses ou actives. Il y a bien une Société archéologique nationale, qui assiste l’éphorie officielle par une surveillance des fouilles et des monumens, qui entreprend elle-même des explorations, achète des objets d’art, les fait connaître par ses expositions et par ses journaux. Il y a de plus, depuis neuf ans, une succursale de l’Institut allemand de Rome. Mais ces diverses institutions, soit par l’insuffisance de leurs ressources, soit à cause de leur date assez récente, n’ont pas encore jeté des racines très profondes.

Il en va à Rome tout autrement : Allemands et Italiens, sous ce rapport, y sont fortement constitués. Il convient de connaître cette double organisation et d’en tenir un grand compte si l’on veut pouvoir apprécier les conditions qui ont été faites tout d’abord à l’Ecole française de Rome.

Le récit des origines de l’Institut de correspondance archéologique de Rome, aujourd’hui puissant entre les mains du gouvernement impérial allemand, est une page de l’histoire littéraire et scientifique de notre époque. L’intéressant et fécond réveil qui a suivi les troubles profonds de la révolution et de l’empire s’est produit avec des aspects divers dans les principaux pays de l’Europe occidentale. Plus spécialement dirigé en France dans le sens de la culture littéraire et historique, il a pris en Allemagne une allure tout érudite et critique ; il a trouvé en Italie, pour l’engager dans les voies de l’archéologie classique, les attaches de la tradition, les tendances de certaines qualités natives, et l’attrait de découvertes éclatantes comme il n’en manque jamais en de pareils temps. Ce fut d’abord l’art grec qui parut se révéler sous un jour nouveau. Certes on n’avait jamais cessé entièrement d’en soupçonner le prix : les efforts de M. de Nointel au XVIIe siècle, du comte de Choiseul-Gouffier au XVIIIe, de lord Elgin au commencement du XIXe, le disent assez. On avait eu les dessins de Dodwell, la grande publication de Stuart sur Athènes, les voyages de Bröndsted en 1819. Une mission anglaise et allemande, dont faisait partie le comte de Stackelberg, avait découvert en 1810 et 1811 les célèbres statues d’Égine, aujourd’hui à Munich, et les bas-reliefs du temple d’Apollon de Bassas, près Phigalie en Morée, que l’architecte français Bocher avait signalés dès 1765. Cependant les dessins de Carrey, exécutés pour M. de Nointel, témoignent d’une incomplète