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Vapeur condensée de l’atmosphère 220 par litre
Eau du drain d’Asnières 12,000
Eau de pluie. 16,000
Eau de la Vanne 62,000
Eau de la Seine, puisée à Bercy. l,200,000
« , puisée et Asnières 3,200,000
Eau, d’égout, puisée à Clichy 20,000,000

De pareils chiffres montrent combien l’hygiène publique est intéressée à l’écoulement rapide du contenu des égouts, problème malheureusement toujours, à l’étude. Le jour où il sera résolu, on verra la mortalité diminuer, comme dans ces villes anglaises qui ont bravement adopté l’épuration du sewage par l’irrigation des champs. En attendant, il ne faut pas négliger l’étude des antiseptiques, qui permettent de combattre l’infection locale. Les expériences de M. Mîquel fournissent déjà, à cet égard, de précieuses indications.

Les antiseptiques les plus puissans, dont une faible dose suffit pour arrêter ou pour prévenir l’altération du bouillon de bœuf neutralisé, sont en première ligne l’eau oxygénée, dont l’action désinfectante a été signalée par M. P. Bert et Regnard, puis le bichlorure de mercure, le nitrate d’argent. Viennent ensuite l’iode et le brome, quelques chlorures métalliques, le sulfate de cuivre ; le chloroforme, qui paralyse les bactéries sans les tuer ; l’acide thymique, plus efficace que l’acide phénique ; divers nitrates, l’alun, le tannin. Parmi les substances modérément antiseptiques il faut ranger les fébrifuges tels que les sels de quinine, l’acide arsénieux et le salicylate de soudé ; enfin, parmi les substances faiblement antiseptiques, le chlorure de calcium, le borate de soude et l’alcool. Le sel marin, la glycérine, l’hyposulfite de soude, ne méritent pas leur réputation. Parmi les gaz qui tuent les microbes, il faut noter les vapeurs de brome, de chlore, l’acide chlorhydrique, le gaz nitreux.

Les faits et les chiffres qu’on trouve réunis dans le livre de M. Miquel suffisent à justifier l’intérêt universel qu’inspirent les recherches concernant les microbes de l’atmosphère, et à recommander les mesures hygiéniques fondées sur une vague intuition du rôle dévolu à ces êtres mystérieux. Parmi ces mesures on doit comprendre la suppression de toute usine insalubre dans le voisinage des grandes villes, l’amélioration des égouts, la démolition des habitations malsaines, l’agrandissement des cours et la réduction de la hauteur des maisons, l’élargissement des voies publiques, le remplacement des pavés par des couches d’asphalte pouvant être lavées avec facilité, la création de vastes parcs et jardins dans l’intérieur des villes. Quant à la chirurgie et à la médecine, on sait le profit qu’elles ont déjà retiré de toutes les mesures. destinées à mettre les malades à l’abri des effets malfaisans de l’air impur.


R. RADAU.