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prédominent dans le mélange. D’autre part, le poids des sédimens récoltés aux champs est pour un même volume d’air, plus faible que celui des poussières récoltées en ville, ainsi que l’avaient déjà démontré les expériences de M. G. Tissandier. M. Miquel ajoute que, d’après ses propres expériences, la quantité des poussières atmosphériques diminue tellement après les pluies, qu’il faut renoncer à en évaluer le poids, au parc de Montsouris. Cette diminution porte principalement sur les matières inorganiques.

A côté des sédimens de nature terreuse, charbonneuse, ferrugineuse et des débris de toute sorte enlevés par le vent à nos habitations, les poussières renferment des poils de végétaux, des fragmens de duvet ou d’écaillés, des pattes d’insectes, des dépouilles d’acariens, etc. ; il est beaucoup plus rare d’y rencontrer des œufs ou des cadavres d’infusoires nettement reconnaissables. Pour démontrer l’existence des œufs d’infusoires dans les poussières atmosphériques, il faut généralement recourir aux procédés d’ensemencement, par lesquels on parvient à les faire éclore dans des sortes d’aquariums minuscules. Par ce mot d’infusoires on entend ici des animalcules microscopiques qu’il ne faut pas confondre avec les bactériens, rangés désormais parmi les cryptogames d’ordre infime.

En dehors de ces œufs, si rarement vus, et des germes de bactéries, toujours fort difficiles à saisir, comme nous l’avons déjà dit, le microscope fait découvrir parmi les sédimens atmosphériques plusieurs classes de corpuscules organisés, parfaitement visibles avec des grossissemens de 100 à 500 diamètres et qui peuvent être classés comme il suit : 1° de simples grains d’amidon ; 2° des pollens incapables de germer, mais propres à féconder les ovules de certaines plantes ; 3° des spores de cryptogames capables de germer et de former une moisissure, une algue, un lichen déterminé ; enfin 4° des végétaux complets, tels que les algues vertes, les conidies, les levures, les diatomées, etc.

Les pollens, fort répandus dans l’air au printemps et en été, tendent à disparaître à l’approche de l’hiver. A Paris, pendant l’été, on en trouve souvent de 5,000 à 10,000 par mètre cube. La rareté des pollens caractérise les poussières recueillies en hiver ou dans des lieux fermés.

Parmi cette armée de corpuscules organisés, le contingent principal est fourni par les plantes cryptogames, dont les spores offrent une grande variété de formes et de modes d’association. Pendant l’hiver, ces spores sont habituellement vieilles et rares, au moins par les temps humides. La température douce des mois d’avril et de mai donne un premier essor à la végétation cryptogamique, et l’air se charge alors de jeunes spores auxquelles succèdent plus tard les grosses fructifications qui persistent durant tout l’été.

Pour établir aussi. exactement que possible la statistique des spores