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ici du seul budget ordinaire de l’état, qui laisse en dehors le budget, dit sur ressources spéciales, lequel comprend une partie des recettes et des dépenses locales, En 1876, année où l’on peut considérer que l’on avait compris dans le budget toutes les dépenses essentielles, soit militaires, soit civiles, et l’intérêt intégral des emprunts de guerre, on arrive au chiffre de 2 milliards 626 millions. C’est 1 milliard 5 millions de plus qu’en 1869 ; or, comme les charges de la guerre se sont élevées à 9 milliards 1/2 ou 10 milliards approximativement, la dotation des services ministériels avait pu être accrue de 4 à 500 millions de francs dans cet intervalle de six années. On avait lieu de penser que le budget de 1875 ainsi établi était suffisamment doté ; il contenait tout le nécessaire et tout l’utile ; il est même vraisemblable qu’il s’y rencontrait du superflu. Prétendre que ce budget de 1875 ne dût jamais être dépassé, c’eût été sans doute une rigueur trop stoïque ; mais on pouvait espérer et vouloir que ces accroissemens de dépenses, qui s’imposent aux peuples riches de même qu’aux particuliers, fussent modérés et lents. Comme dans tout budget bien ordonné il y a une partie qui reste à peu près fixe : la dette, et que celle-ci, dans le budget français, exigeait, en 1876, une dotation de plus de 1 milliard, la partie du budget d’alors qui était susceptible de s’accroître dans les années suivantes, ne représentait que 1 milliard 600 millions de francs en chiffres ronds. En admettant que cette partie du budget, réservée à ce que l’on appelle les services ministériels, fût raisonnablement augmentée de 2 pour 100 par année, on aurait eu un accroissement annuel des dépenses de 32 millions de francs environ. Le budget de 1884 pourrait, dans cette hypothèse, être supérieur de 288 millions environ au budget de 1875, ce qui eût porté ce budget de 1884 au chiffre de 2 milliards 914 millions. Encore doit-on dire que la possibilité de convertir la dette publique constituée en 5 pour 100 eût pu et dû faire profiter le trésor d’une économie de 60 à 70 millions de francs environ, de sorte que, en définitive, si nos finances avaient été conduites depuis 1875 avec une prudence moyenne, conformément aux principes de M. Thiers, nous nous trouverions pour l’année 1884 en face d’un budget ordinaire de 2 milliards 850 millions au maximum. Or le budget que nous propose M. Tirard, budget incomplet, qui sera certainement dépassé dans une large mesure, atteint la somme de 3 milliards 103 millions ; ce sont des chiffres de prévision, antérieurs de six mois à l’ouverture de l’exercice ; les crédits supplémentaires feront leur œuvre, comme toujours, et il n’y a aucune invraisemblance à présumer que le budget réel ordinaire de 1884 s’élèvera à 3 milliards 200 millions au moins ; dans les années précédentes, en effet,