Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 57.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’était, sous la neige épaisse et serrée
Tombant d’un ciel gris,
L’immensité blanche et comme parée
De mon vieux Paris ;

C’était, aux rayons dorés des boutiques,
Des, gens très pressés,
Suivant, à la nuit, ombres fantastiques,
Les trottoirs glacés ;

Bref, Noël, avec son brouillard morose,
Toujours me semblait
La fête du froid, faisant le nez rose,
Rouge ou violet.

Ici, c’est l’aimable et charmante fête
Du soleil d’hiver
Réchauffant gaîment le cœur et la tête
De son rayon clair ;

Au lois, dans l’azur des grands flots tranquilles,
Tout pointillés d’or,
C’est le groupe blanc et coquet des îles
Pour fond de décor ;

Partout, sur le port et sur la Croisette,
C’est le bruit joyeux
D’une foule vive, en fraîche toilette,
Et la joie aux yeux ;

Et sur ce tableau qui brille et rayonne
En tons éclatans,
Le sourire étrange et doux d’un automne
Qui serait printemps !


II. MONTE CARLO.


Un décor de féerie, avec son édifice
Pompeux et surchargé, sa nature factice,
Ses aloès géans rangés en espaliers,
Sa place minuscule aux larges escaliers,
Et, pour toile de fond, la montagne âpre et nue.