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Dans ces diverses professions, l’augmentation des salaires s’est élevée depuis dix ans de 1 à 3 francs suivant que le salaire était plus ou moins fort. Il n’y a pas de morte saison, et les industrie » auxquelles elles se rattachent sont aujourd’hui en pleine activité.

En résumé, dans les professions de la deuxième catégorie, où le salaire rémunère à la fois l’aptitude professionnelle et l’effort physique, nous avons trouvé des salaires minimum de 5 francs, maximum de 12 francs. L’augmentation a été constante et dépasse sensiblement celle du coût de la vie.

Il ne me reste plus qu’à parler des professions de la troisième catégorie, de celle où l’aptitude professionnelle entrant pour peu de chose, le salaire ne rémunère guère que l’effort physique. Ici, on ne rencontre guère de série de prix, ni de tarifs, à moins que les ouvriers adonnés à ces professions ne soient employés dans la grande industrie, où ils travaillent côte à côte avec des ouvriers employés dans des professions appartenant aux deux premières catégories. Ils bénéficient alors dans une certaine mesure des tarifs élevés de l’industrie à laquelle ils sont attachés. C’est ainsi que, dans les imprimeries, ceux qu’on appelle les margeurs, c’est-à-dire ceux qui ont à placer avec certaines précautions les feuilles sous les cylindres de la machine, touchent de 4 fr. à 4 fr. 50. De même, dans les ateliers de construction de wagons, les simples laveurs touchent de 4 fr. à 4 fr. 25. On peut également ranger dans cette catégorie les ouvriers qui s’emploient dans les grandes usines à des travaux n’exigeant point d’aptitudes spéciales, comme dans les raffineries ou les fabriques de produits chimiques ; ceux-là peuvent gagner environ 4 francs par jour.

Parmi les mieux payés dans ces diverses professions, n’oublions pas de faire figurer les camionneurs et les charretiers, car il faut encore une certaine adresse pour conduire dans les rues de Paris trois ou quatre chevaux attelés à la file ou une voiture lancée au grand trot. Aussi sont-ils encore payés de 4 à 4 fr. 50. Il en est de même de ceux qui sont doués d’une force physique assez grande pour porter sans faiblir sur leurs collets (aussi les appelle-t-on colletineurs) des fardeaux considérables. Mais l’homme de peine proprement dit, de quelque nom qu’il s’appelle, le palefrenier qui panse les chevaux, le portefaix qui, le long des quais, au vent glacé ou au soleil torride, débarde les trains de bois, décharge le sable ou la chaux, hisse des pierres de taille sur les charrettes ; le garçon de magasin, non point celui qui est employé à la recette, mais celui qui, dans les plus élégantes comme dans les plus modestes boutiques, arrive le premier, s’en va le dernier, balaie le plancher, décharge les paquets et risque