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l’éducation ; qui est déjà la volonté excitée et dirigée, et de la personnalité, qui achève par son action propre l’action d’autrui commencée sur elle-même.

Nous voilà loin assurément de L’école biologique, qui goûte médiocrement ce langage et encore moins les idées dont il est le signe. Éducation, exemple, influences morales, suggestions diverses, contrariant la nature, tout cela nous écarte beaucoup des causes et. des lois qui règlent l’organisme. Mais l’école ne se tient pas, pour battue. Non-seulement elle repousse a priori, avec un dédain aussi peu dissimulé que peu justifié, ce genre d’explications, qui lui paraissent superficielles, mais elle a entrepris de prouver qu’il n’y a pas même, à proprement parler, de dérogations à la loi de l’hérédité et que les exceptions ne sont qu’apparentes ; en effet, nous dit-on, elles représentent encore la loi dérangée dans ses conditions normales ou déguisée sous certaines circonstances accessoires, mais toujours présente même dans ses troubles et ses métamorphoses, en cela d’ailleurs conforme aux lois physiologiques qui, suspendues ou dérangées dans leur action, n’en restent pas moins des lois. Une loi qui agirait en l’absence de : ses conditions normales serait un monstre dans la nature et ne serait plus une loi.

Voici donc comment on essaie d’expliquer le nombre prodigieux des faits qui échappent à l’hérédité. La première raison, c’est la diversité et la complication des lois qui la régissent. Pour ne citer que les principales, c’est d’abord l’hérédité directe ou immédiate, qui, si elle pouvait jamais se réaliser complètement, représenterait, comme le dit le docteur Lucas, « l’équilibre absolu des ressemblances intégrales du père et de la mère dans la nature physique et morale de l’enfant. » Mais ce cas est très rare, presque improuvable. C’est ensuite la loi de prépondérance dans la transmission des caractères, d’après laquelle l’un des parens peut avoir une supériorité d’influence sur la constitution mentale de l’enfant. C’est encore l’hérédité en retour ou médiate (l’atavisme), d’après laquelle les descendans héritent souvent de qualités physiques et mentales propres à leurs ancêtres et leur ressemblent sans ressembler à leurs propres parens.

Dans ces deux derniers cas, comme dans le premier, c’est l’hérédité qui agit incontestablement ; seulement ici elle se déguise et il n’est pas toujours facile, de la retrouver. En effet, tout ne se passe pas avec la simplicité idéale qui donnerait comme résultat une moyenne entre les deux parens : il peut y avoir prépondérance soit du père, soit de la mère à tous les degrés possibles. De plus, les parens peuvent transmettre à leurs enfans des qualités ancestrales qui sont restées en eux à l’état latent. L’expérience des éleveurs