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d’Acerenza, de Salerne et de Conza, regardées comme ses principales forteresses. Mais comme le grand empereur ne se souciait pas d’engager si loin ses armées, la condition ne fut jamais exécutée.

La collection de M. Vosa renferme quelques beaux bijoux de travail longobardique, trouvés dans le voisinage immédiat d’Acerenza et pareils à ceux qui ont été découverts sur différens points du nord et du centre de l’Italie. Ils rentrent dans la donnée générale de la joaillerie des peuples germaniques établis sur le sol romain, Francs, Burgondes, Ostrogoths et Visigoths, que caractérisent l’emploi presque exclusif du grenat, vrai ou imité, serti dans l’or, et certaines formes d’ornementation d’une élégance barbare ; mais ils y constituent un type particulier, inférieur comme goût et comme travail aux œuvres des Burgondes et des Goths. On sent à les voir que les Lombards étaient de tous les envahisseurs germaniques les plus arriérés dans la barbarie à l’époque où ils franchirent les Alpes et aussi les moins aptes à s’assimiler la civilisation de leurs vaincus. Dans la même collection, ce que l’on peut appeler historiquement la seconde période lombarde dans le midi de l’Italie, est représenté par un petit trésor de pièces d’or des premiers princes indépendans de Bénévent, et le temps des guerres gothiques, avec ses dévastations et ses terreurs, par une cachette de monnaies d’or de Justinien.

Sicon, qui assassina Grimoald II en 817 et se fit à sa place prince de Bénévent, était castaldus d’Acerenza. Un siècle et demi plus tard, quand l’ancienne principauté fondée par Arichis fut divisée en deux, celle de Bénévent et celle de Salerne, par Radelgis et Siconulfe, chacun de ces princes prit pour lui une part du territoire qui avait dépendu jusque-là d’Acerenza. Mais nous n’en voyons pas moins ensuite cette ville garder des comtes lombards, Herimann en 923, Grégoire en 932, Humbert en 1012. Ce n’est, en effet, que vers 1020 qu’Acerenza fut conquise par les Grecs, sous le catapanat de Boyoannis, le seul grand homme que l’empire byzantin ait su employer dans le gouvernement de ses possessions d’Italie. Elle tomba tardivement en leur pouvoir et n’y resta guère plus de vingt ans ; aussi son évêché, qui relevait de l’archevêque de Salerne, ne passa pas au rite grec et ne fut jamais rattaché à l’obédience du patriarche de Constantinople.

Acerenza fut une des premières villes occupées par les Normands ; dans le partage de 1043 nous la voyons attribuée au comte Asclitin. Mais cette possession fut d’abord précaire et soumise à beaucoup de vicissitudes, car nous trouvons ensuite Acerenza comptée parmi les villes qui se soumirent à payer tribut à Humfroi, après la bataille de Civitate, en 1053, et les chroniqueurs enregistrent en 1061 sa prise d’assaut par Robert Guiscard. Cette fois, Acerenza