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préparatoires ; les troupes de Hainaut se rapprochèrent de Valenciennes, celles d’Artois se réunirent près de Carvin[1] avec leurs réserves, sur la route de Lille ; Fontaine se rendit à Carvin, où il ne tarda pas à être rejoint par le capitaine-général. Ainsi établi dans le triangle Lille, Carvin, Valenciennes, Melo menaçait Arras, et s’il attirait de ce côté l’attention de l’armée de Picardie, il n’avait qu’à changer la direction de ses échelons pour marcher vers le sud et se rapprocher de Landrecies.

Landrecies et Arras sont en flèche, dans le domaine du roi catholique, formant les deux pointes des conquêtes françaises dans l’Artois et le Hainaut. Arras est une très forte place, une capitale. Reprendre Arras serait pour les Espagnols un grand succès matériel et moral ; rentrer dans Landrecies serait plus stratégique. Le duc de Savoie en 1557, le cardinal-infant en 1636, avaient pénétré dans la vallée de l’Oise en passant la Somme entre Saint-Quentin et Amiens. C’est ce que Melo aurait sans doute tenté en 1642 si les circonstances lui avaient permis de pousser à fond son succès d’Honnecourt. Aujourd’hui il peut tourner ce premier obstacle de la Somme soit en s’emparant de Landrecies, soit en attaquant La Capelle ou Guise, qui sont plus en arrière, mais également à sa portée. Landrecies est assez bien fortifié, La Capelle est plus faible ; le château de Guise vaut mieux.


IV. — PREMIERS MOUVEMENS DES FRANÇAIS. — PLAN DE MELO.

Nous avons fixé les positions occupées par l’armée du roi catholique, signalé les objectifs qui s’offraient au commandant de cette armée. Avant de suivre ce dernier dans sa marche offensive, rappelons quelle était au même moment la distribution de l’armée française. — Le duc d’Anguien est à Amiens ; sa gauche se prolonge vers Abbeville (45 kilomètres), avec des détachemens en Boulonnois ; il a encore du monde à droite jusqu’à Péronne, en arrière jusqu’à Montdidier : soit douze à treize mille hommes, infanterie et cavalerie, cantonnés dans la vallée de la Somme. Devant son front, à 30 kilomètres, Gassion occupe Doulleus, sur l’Authie, avec deux mille chevaux, couvert par les trois places que nous tenons en Artois : Hesdin, Arras et Bapaume, ou à portée de les secourir ; il est environ à 35 kilomètres de chacune. Très en arrière, au sud-est, un corps détaché, mis condilionnellement aux ordres du prince, se forme dans la vallée de l’Oise ; le quartier-général est à Chauny, à plus de 80 kilomètres d’Amiens ; une partie de cette infanterie

  1. A cinq lieues au sud de Lille.