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tous deux seront moissonnés par la guerre à la fleur de leurs ans ; voici un cadet de Lorraine, le duc d’Elbeuf[1], Tavannes, un ami de Dijon[2] ; le marquis de Fors, dont la sœur possède le cœur du jeune prince[3] ; La Moussaye, qui s’est déjà signalé à la guerre et qui sera l’historien de Rocroy[4], Toulongeon[5], Rochefort, futur maréchal de France[6] ; d’autres moins connus, Raradat, frère d’un ancien favori de Louis XIII, de La Fitte, des Barrières, du Fay. Il y a là une pépinière de généraux pour l’avenir, et, dès aujourd’hui, un groupe d’officiers intelligens, lestes, hardis, habiles au maniement du cheval et de l’épée, qu’il fera bon avoir près de soi en un jour de bataille.

Cependant, grâce à l’application et à la fermeté du chef, l’ordre se rétablissait ; dès les premiers jours, l’action du commandement se fit sentir ; les quartiers, trop étendus par L’Hôpital, furent resserrés. « Je fais loger toutes les troupes dans les villes fermées pour empescher qu’elles ne se débandent et aussy pour empescher la ruine du pays ; elles sont pourtant disposées de telle sorte que, si les ennemis se mettent ensemble, elles seront en trois jours prestes pour marcher à eux[7]. « Les premières nouvelles étaient

  1. Duc d’Elbeuf (Charles de Lorraine), né en 1620, maréchal de camp en 1646, lieutenant-général en 1648, mort en 1692.
  2. Tavannes (Jacques de Saulx, comte de), né en 1620, arrière-petit-fils du maréchal Gaspard de Saulx-Tavannes, beau-frère du marquis de Gesvres, bailli de Dijon, capitaine-lieutenant des gendarmes du prince de Condé et son premier gentilhomme après la mort de Tourville, le suivit partout jusqu’en 1652 ; à cette date, il quitta son parti et ne servit plus. Il avait été nommé lieutenant-général en 1651 et mourut en 1683. Il a laissé des Mémoires.
  3. De Fors (Louis de Poussart du Vigean, marquis), aide de-camp en 1643, sergent de bataille en 1648, maréchal de camp en 1649, mort assassiné en 1663. Son frère aîné avait été tué au siège d’Arras en 1640. Il était protestant comme son père, les filles, catholiques comme leur mère. L’aînée, Anne, Mlle de Fors, épousa en 1644 M. de Pons, et en secondes noces, le duc de Richelieu. La cadette, Marthe, Mlle du Vigean, née en 1622, dont le duc d’Anguien était passionnément épris, entra en religion en 1647, fit profession en 1649 et mourut aux carmélites en 1665.
  4. La Moussaye (François Goyon de Matignon, marquis de), dit le marquis de Nogent. La Moussaye, ami très intime et grand confident du duc d’Anguien, déjà signalé par sa belle conduite à La Marfée, maréchal de camp le 22 avril 1655, mort en 1647 gouverneur de Stenay pour M. le Prince, qu’il ne quitta jamais. Il est l’auteur de la relation des campagnes du duc d’Anguien en 1643 et 1644.
  5. Toulongeon (Henri de Gramont, comte de), frère cadet du maréchal Antoine de Gramont, né vers 1619, volontaire en 1642 et 1643, devint maréchal de camp et mourut en 1679.
  6. Rochefort (Henri-Louis d’Aloigny, marquis de), maréchal de France en 1675, mort en 1676. Il était fils de ce Rochefort qui avait si fidèlement servi le prince Henri II et il épousa la fille du brillant marquis de Laval, dont nous parlions, tout à l’heure.
  7. M. le Duc à M. le Prince, 21 avril. Cette première mesure ne s’appliquait pas au corps de l’Oise, trop éloigné et qui d’ailleurs n’existait encore que sur le papier.