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Des distances de 20 kilomètres sont ordinairement franchies en moins de quarante minutes, par des pelotons complets de cavaliers équipés à l’ordonnance. Il serait utile de voir de pareilles épreuves réalisées chez nous.

En Allemagne, les souverains ont également institué des haras où la race orientale est élevée soit à l’état pur, soit à l’état de croisement, tant pour fournir leurs royales écuries que pour améliorer les races de leurs états et faciliter le recrutement de leur cavalerie. Citons le haras fondé à Trakehnen par le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume IV, et celui établi aux environs de Stuttgart par les rois de Wurtemberg. Ces divers établissemens hippiques sont remarquables par le mérite de leurs produits et surtout par l’importance de leur effectif. C’est par quatre et cinq cents qu’on y compte le nombre des poulinières, alors que nous croyons avoir fait un effort suprême, en réunissant soixante jumens au haras de Pompadour.

L’élevage des reproducteurs d’élite par l’adaptation du sang oriental, dans les établissemens de l’état, prend en Autriche, comme dans les empires voisins, un développement croissant avec la réduction graduelle des haras des grands seigneurs. Ainsi la jumenterie de Radautz, en Bukowine, possède plus de douze cents animaux:. Celles de Hongrie entretiennent près de mille poulinières. Partout l’état s’occupe de l’éducation du cheval de race, forcé qu’il est de prendre une charge dont l’aristocratie se désintéresse de plus en plus. Ses biens se réduisent; elle n’a pas d’armée à entretenir. L’Angleterre seule fait exception pour cette intervention ; mais que de choses y diffèrent de ce qui se passe sur le continent !


IV.

Quand il s’agit de perfectionner une race séculairement constituée, dont les qualités physiques et morales sont en quelque sorte la résultante du climat, du sol et du travail imposé, la méthode la plus sûre consiste à améliorer graduellement l’alimentation des animaux, tout en les soumettant à un labeur bien dirigé qui les développe au lieu de les épuiser. Simultanément, on élimine de la reproduction les bêtes entachées des vices originels les plus marqués. C’est le procédé que les gens du métier désignent sous le nom de sélection, emprunté aux éleveurs anglais.

La sélection peut paraître lente aux impatiens jugeant qu’il serait plus expéditif d’importer des reproducteurs déjà élevés à un degré supérieur, pour les allier à la race à perfectionner. C’est le