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population chevaline. Enfin elle constitue en Allemagne la souche des meilleurs chevaux d’arme.

C’est aux relations établies avec l’Orient par les invasions musulmanes et les croisades que l’Espagne et le midi de la France doivent leur vieille race de chevaux. Un peu grêles, mais si solides dans les longues marches par les mauvais chemins, si souples sous le cavalier, ils ont rendu d’inappréciables services, jusqu’à notre époque de chemins de fer et d’omnibus. Navarrins, andalous et limousins, modestes mais infatigables montures, vous fûtes les vrais chevaux de selle, alors que l’équitation ne consistait point encore à aller droit devant soi, le des voûté, les jambes écartées, sur un long pur sang dépourvu de souplesse.

Au musée de Boulaq, créé par un Français, dans ce pays d’Egypte où hier encore notre influence était grande, on voit d’antiques peintures de chevaux des Pharaons. Leur croupe amincie, leur des court et leur front bombé représentent fidèlement le cheval barbe de nos jours. Nettement distincte de l’asiatique, cette race africaine fournit la population chevaline d’Algérie; elle a également pénétré chez nous et contribué à la formation de nos anciens chevaux de selle[1].

La race de chevaux des Aryas s’est également répandue vers l’Est. Franchissant le massif de montagnes, abri de son berceau, elle s’est étendue jusqu’aux extrémités de l’Asie. Réduite dans sa taille, mais non dans sa vaillance, elle a produit le cheval tartare si remarquable par la longueur des trajets qu’il peut fournir à l’allure soutenue de l’amble, sans autre nourriture qu’une poignée de paddy. C’est la monture des courriers portant les ordres de Pékin, d’une extrémité à l’autre du Céleste-Empire. Ils sont étranges, ces cavaliers installés sur une sellette de bois, le genou à la hauteur du coude, le des chargé d’un tube de bambou contenant les dépêches. Homme, cheval, tout est sec, grêle, petit. A peine aperçu, le groupe disparaît au détour de la route, distingué encore quelque temps par l’aigre tintement d’un grelot.


II.

Sur les brumeuses rives de la Baltique, une autre race chevaline s’est constituée aux formes massives. Haut de taille, épais du

  1. Un éminent professeur de zootechnie dont les recherches font le plus grand honneur à la science française, M. Sanson, a reconnu que la race africaine a une vertèbre lombaire de moins que les autres races chevalines, ce qui explique la moindre longueur du dos des chevaux barbes.