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leurs petits-enfans, qui les comprendront, leur en seront à jamais reconnaissans.

Il n’est pas dans notre dessein de passer en revue les autres musées d’Athènes. Deux seulement sont installés avec soin, la collection des objets trouvés à Mycènes par M. Schliemann et celle des antiquités égyptiennes données à la Grèce par M. Giovanni di Demetrio d’Alexandrie. Elles occupent deux grandes et belles salles à l’École polytechnique. Tous les autres musées sont l’image même de la confusion. Quelques objets, entre autres le Guerrier de Marathon, sont encore dans le Théséion, où le manque de lumière empêche de les étudier en même temps que l’humidité les ronge. Le musée de la Société archéologique, qui se trouvait, à l’étroit, a été transporté en partie à l’École polytechnique, en partie dans les caves du Varvakeion, ancien asile de la collection entière. Il est incroyable que les marbres importans que la Société possède n’aient pas été réunis à ceux du musée central aussitôt que ce musée a été construit : des antagonismes personnels, la rivalité déjà ancienne entre l’éphorie générale et la Société archéologique, expliquent cet état de choses si préjudiciable aux études. D’autres marbres, mêlés à des vases, des bronzes, des terres cuites, sont empilés on ne sait pourquoi dans le cabinet de l’éphore général au ministère des cultes. C’est là que se trouve depuis vingt-cinq ans une statuette extrêmement importante, réduction fidèle de la Minerve chryséléphantine de Phidias, que M. Charles Lenormant découvrit en 1859 dans un coin du Théséion. Les monumens exhumés en 1861 sur la Voie sacrée, à Hagia Triada, sont restés pour la plupart en place; mais, pour les préserver des coups de pierres, on a été obligé de les placer dans des caisses de bois qui se ferment par une grille de fer à mailles serrées. Autant vaudrait les transférer au musée central et les remplacer au Céramique par des moulages. Sur l’Acropole il n’y a pas moins de trois musées, dont le caractère commun est que la lumière y fait défaut. Celui où l’on a réuni les bas-reliefs découverts en 1876 au temple d’Esculape est un hangar où l’on ne mettrait pas des bestiaux. Le musée des Propylées et de la Pinacothèque est une singulière conception de Pittakis : il a juxtaposé avec du plâtre, dans de grands cadres en bois, un nombre immense de débris de toute nature, sculptures, inscriptions, morceaux d’architecture, de sorte qu’il devient impossible de reconnaître quels sont les fragmens qui devraient être rapprochés. En adoptant ce système, Pittakis obéissait à la même idée qui lui faisait parfois enfouir de nouveau les œuvres d’art qu’il venait de découvrir ; dans la crainte que des objets ne fussent volés, il les soudait au hasard les uns aux autres, comme on attache deux par deux les galériens pour les empêcher de fuir.