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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 février.

Réussira-t-on d’une manière ou d’une autre à sortir de ces fondrières où l’on s’est si étourdiment et si aveuglément jeté, où de tristes conducteurs ont embourbé ce que les classiques d’autrefois appelaient le char de l’état ? Va-t-on bientôt pouvoir en finir avec toutes ces incohérences parlementaires et ministérielles, ces troubles d’esprit, ces fantômes de conspirations, ces menaces de proscriptions qui depuis trop longtemps déjà pèsent sur le pays, paralysent tout, intérêts nationaux et affaires sérieuses ? Malheureusement, quand on s’est engagé dans certaines voies où tout est hasard et confusion, il n’est pas toujours facile de revenir sur ses pas ni même quelquefois de s’arrêter. Les fautes s’enchaînent avec une redoutable logique et, en se succédant, en se multipliant, elles s’aggravent, elles finissent par créer une situation où l’on ne sait plus de quel côté se tourner, où parlement et gouvernement se débattent dans une impuissance agitée, trop souvent réduits à choisir, comme on le disait autrefois, entre les folies et les faiblesses. Un jour ou l’autre, les difficultés créées, accumulées par l’entraînement et l’imprévoyance, deviennent telles qu’on ne sait plus comment s’en tirer, et ce qu’il y a de plus caractéristique, ce qui ajoute au danger, c’est qu’on ne veut pas se rendre compte des vraies causes du mal qui se manifeste de toutes parts, sous toutes les formes. On refuse de s’avouer que, si tout s’est compliqué et altéré, c’est qu’on s’est livré aux faux systèmes, aux stériles excitations, c’est qu’ayant eu à un certain moment à choisir entre deux routes, on a pris tout simplement celle qui conduisait aux fondrières.