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en nombre rond un total de 800,000 titres. Le Crédit foncier, qui avait à peu près formellement promis l’irréductibilité aux souscripteurs de titres libérés en leur concédant un droit de préférence sur les souscripteurs en titres non libérés, s’est trouvé fort embarrassé de son succès même. Non-seulement il ne pouvait rien donner à la seconde classe de souscripteurs, mais il ne se trouvait pas en mesure de satisfaire intégralement aux demandes de la première classe.

On croit qu’il a été tiré de cet embarras par l’autorisation que lui a donnée le gouvernement de créer une nouvelle série d’obligations foncières du même type, ce qui permettra d’éviter une réduction des souscriptions en titres libérés.

Le Crédit foncier se trouvait nanti par le résultat de son émission d’une somme énorme atteignant environ 250 millions. Une opinion générale s’est formée aussitôt que cet établissement, n’ayant pas l’emploi immédiat de la totalité de cette somme, allait en appliquer une notable partie à l’achat de rentes sur le marché. La pensée que 2 ou 3 millions de rentes françaises allaient être achetés dans les derniers jours du mois et levés en liquidation par le Crédit foncier a hanté aussitôt l’esprit des vendeurs et les a décidés à se racheter. C’est donc bien le succès du Crédit foncier qui a, par ses conséquences réelles ou supposées, précipité le mouvement de reprise qui d’ailleurs se fût probablement produit en tout cas (dans une plus faible mesure, il est vrai), tellement la dépréciation des cours avait été exagérée du 18 au 23 janvier.

Grâce aux meilleures dispositions créées par l’approche de la liquidation nouvelle, et par les appréciations relatives à la situation de place, la Bourse a laissé de côté provisoirement les préoccupations politiques, et les derniers cours cotés accusent une amélioration qu’on n’aurait pas osé espérer il y a peu de jours.

Les rentes, non plus que les valeurs, n’ont pu, bien entendu, reprendre en hausse tout ce qu’elles avaient perdu en baisse. C’est déjà beaucoup que le 5 pour 100 ait été ramené au-dessus de 115 fr. le 3 pour 100 et l’amortissable au-dessus de 78 et de 79 francs.

La progression est générale, mais un peu inégale. Certaines valeurs ne se sont que médiocrement relevées ; d’autres, au contraire, comme les actions des Chemins autrichiens et lombards, ont atteint de nouveau les cours de la liquidation de quinzaine.

Parmi les fonds étrangers, l’Italien s’est fait remarquer par une très grande fermeté, tandis que l’Unifiée d’Egypte, après quelques oscillations, a subitement faibli hier à 351 francs.


Le direeteur-gèrant : G. BULOZ.