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lecteurs de la Revue sur un point bien simple : c’est qu’une maison de jeu publique ou privée est un lieu détestable, contraire à la morale, funeste à la paix, au bonheur des familles. Certes, chacun a le droit de disposer de sa fortune comme bon lui semble, et cependant il ne peut être permis à qui a charge d’âmes d’exposer cette fortune dans un mauvais lieu, car c’est ainsi, n’en déplaise aux amateurs du trente-et-quarante et du baccarat, que nous avons entendu qualifier, sous toutes les latitudes, les établissemens publics ou privés dont l’entrée est interdite par la police aux mineurs, et parfois, comme à Monte-Carlo, aux adultes, aux hommes mûrs et aux vieillards des Alpes-Maritimes.

Quel que soit le résultat de nos efforts, nous ne regretterons jamais, — et puissions-nous avoir des imitateurs ! — d’avoir joint notre voix à celles qui réclament la fermeture de cette maison néfaste qu’on appelle le casino de Monte-Carlo. La plaie du jeu qui s’y étale sans pudeur, à côté du spectacle écœurant de gens de bien mêlés à des gens tarés, d’honnêtes femmes confondues coude à coude avec des coquines, fait tache sous le beau ciel du Midi, en vue de cette mer d’azur.

Et quel contraste, ô nature ! entre la paix, le silence qui règnent aux fraîches vallées de la Roya et de la Vésubie, sur les coteaux embaumés d’Ezza, aux sommets des blanches solitudes des Alpes, et la cohue bête, haletante, qui évolue, comme dans un cercle dantesque, autour des tapis verts de Monte-Carlo !


EDMOND PLAUCHUT.