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De son côté, le prince Charles III, prévoyant que, dans un avenir prochain, les plus sûrs de ses revenus pourraient lui macquer, s’est empressé d’activer sur son territoire l’édification de maisons nouvelles, afin de trouver un jour dans les impôts directs une compensation aux pertes dont il est menacé.

On le voit, l’heure ne peut être plus propice pour demander et obtenir la suppression d’un établissement qui a créé, dans l’un des plus beaux pays du monde, un centre de vices et de ruines.


I.

En avril dernier, des feuilles de pétitionnemens couvertes d’un nombre considérable de signatures furent portées devant la chambre de nos représentans. Elles réclamaient la suppression des jeux publics de Monte-Carlo. La chambre, après avoir entendu M. de Freycinet, qui se montra contraire à la prise en considération, crut devoir passer à l’ordre du jour. Un mois après, il n’en était plus ainsi : le sénat renvoyait les pétitions au ministre des affaires étrangères, malgré l’opposition persistante de ce dernier.

La différence de ces deux votes provient de ce qu’en avril nos relations avec l’Italie étaient bien loin d’être aussi cordiales que par le passé, et d’une nature à ne se prêter à aucune entente sur n’importe quel sujet. Heureusement, en mai, les rapports étant devenus meilleurs, le sénat ne craignit pas de recommander à la haute attention de M. de Freycinet des vœux auxquels, à coup sûr, il sera fait droit aussitôt que Rome et Paris en manifesteront la ferme volonté.

Comment pourrait-il ne pas y avoir accord entre l’Italie et la France à ce sujet? Il ne s’agit plus ici de savoir si la France est autorisée à exercer une sorte de protectorat sur la principauté monégasque ou si la maison de Savoie considère toujours le prince de Monaco comme son vassal, malgré l’abandon qu’en 1860 la couronne d’Italie fit de ses droits sur la principauté. La France et l’Italie ne doivent vouloir qu’une seule chose : la suppression de la maison des jeux publics de Monte-Carlo, et, si la première se croit en droit de parler avec plus de fermeté respectueuse que sa voisine au prince Charles III, c’est simplement parce que Monaco est entouré de tous côtés de terres françaises.

Ceci posé, sans aucune intention de porter atteinte à l’intégrité des droits souverains du prince actuel de Monaco, esquissons une histoire de la principauté, de ses souverains, et voyons comment elle en est arrivée, étant à bout de ressources, à donner un droit