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MONTE-CARLO

La question de la fermeture des jeux publics de Monaco est aujourd’hui plus débattue que jamais à Nice, à Gênes, à Marseille, et surtout à Menton, où la présence récente de sa majesté la reine Victoria a fait considérer comme tout à fait inconvenant le voisinage d’un tripot. Les villes que nous venons de citer, les membres les plus respectables de leur colonie étrangère se sont mis d’accord sur deux points : protester sans relâche, pétitionner sans trêve jusqu’au jour où la France, par mesure de salubrité morale, et l’Italie, pour cause de mauvais voisinage, exigeront la fermeture des derniers jeux publics. Il serait plus qu’étrange, en effet, qu’on ne parvînt pas à faire supprimer chez l’un des plus petits états de l’Europe ce qui a été supprimé chez les plus grands. Et ce n’est pai?, disons-le en passant, un mince honneur pour la France d’avoir, dès 1836, donné ce salutaire exemple.

La société fermière des jeux de Monte-Carlo récemment encore a pu croire, elle aussi, qu’elle allait avoir sa série à noire. En effet, elle a perdu, soit par suite de décès, soit par suite de démissions, ses directeurs les plus habiles. Un grand trouble s’en est suivi, et le désarroi augmentait en voyant que la terreur inspirée aux familles par les jeux, les ruines et les suicides qui en sont les conséquences, se traduisait en pétitionnemens aux chambres françaises et en interpellations indignées au gouvernement italien. C’est alors qu’en ce péril extrême M. Dupressoir fut appelé à Monte-Carlo.