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sont les mêmes que, l’an dernier, ceux du Loyal serviteur, rajeuni par M. Lorédan Larchey, et l’année précédente ceux du Froissart, traduit par Mme de Witt. C’est ainsi comme un commencement qui n’en sera pas moins bien accueilli pour venir après sa suite. Je l’espère du moins, et pour plusieurs raisons, dont la principale est que l’on ne saurait trop travailler, dans le temps où nous vivons, à ranimer chez les générations nouvelles la piété pour l’ancienne France. C’est à quoi pourra servir aussi le volume dont M. Auguste Maquet vient d’écrire le texte : Paris sous Louis XIV[1]. Il n’est pas établi, je dois commencer par le dire, dans les mêmes conditions de luxe que les Chroniqueurs de l’Histoire de France, mais ce n’en est pas moins un fort beau livre, bien imprimé, convenablement illustré, et dont le texte a son intérêt. Paris y est décrit quartier par quartier, chaque description par quartier y étant précédée d’un plan de l’époque, chaque monument y ayant sa notice particulière comme suspendue au-dessus de la planche qui le représente sous son aspect du temps, enfin chaque description suivie de la brève énumération des maisons, boutiques, fontaines, couvens, prisons et lanternes que contenait le quartier. De bons portraits des artistes d’alors s’intercalent dans cette rapide revue de leurs œuvres.

Est-ce bien le moment, à propos de livres d’étrennes, de s’expliquer sur la révolution ? Je ne le pense pas, et, quoique je partage en plus d’un point, sur les hommes et les choses de 1793, ou même de 1789, l’opinion de M. d’Héricault[2] ; quoique je fasse, avec lui, remonter la responsabilité des violences et des crimes de la révolution jusqu’aux philosophes du XVIIIe siècle, et j’entends par là Rousseau, Diderot, Voltaire ; quoique j’admette enfin comme lui que la France de 1883 est mal remise des convulsions qui, depuis cette mémorable date, n’ont pas cessé de la secouer périodiquement, j’estime néanmoins que ce n’était pas le temps de la trêve des étrennes qu’il fallait choisir pour le dire. Car enfin ce livre appelle de nombreuses restrictions, comme tout livre de polémique ; et le moyen de les faire, entre des considérations sur le progrès de l’industrie du cartonnage, et des réflexions sur l’envahissement de la chromolithographie ? Ceci dit, nous n’en louerons pas moins la pensée, sinon l’exécution du livre de M. d’Héricault, qui n’est pas toujours heureuse. Il s’agit, bien entendu, de l’exécution littéraire ; car, pour l’exécution matérielle et pour le caractère de l’illustration surtout, la Révolution est l’un des plus beaux livres et des plus habilement faits que nos éditeurs aient produits

  1. Paris sous Louis XIV. Monumens et vues. Texte par M. Auguste Maquet, 1 vol. in-8o ; Laplace et Sanchez.
  2. La Révolution, 1789-1882, par M. Ch. d’Héricault. Appendices par MM. de Saint-Albin, Victor Pierre et Arthur Loth, 1 vol. in-8o ; Dumoulin.