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son successeur. Ses fils Mamadou Paté et Bou-Bakar Biro l’accompagnaient dans son expédition. Almamy Oumar détruisit le village de Kansala, coupa la tête au chef, et parcourut en vainqueur tout le territoire de Koli. Cette campagne, qui dura deux ans, cessa par la mort de l’Almaray Oumar, qui survint en 1872. Le chef poul s’éteignit à Dombi-Hadji dans le N’Gabou des suites d’une maladie chronique pour laquelle ses médecins lui avaient fait faire usage des eaux thermales du village de Kadé.

Alfa Ibrahima fut proclamé almamy sous le nom d’Ibrahima Sory. La nouvelle de la mort d’Oumar s’était répandue dans tout le Fouta-Djalon avec une étonnante rapidité. Les regrets sincères des Pouls prouvèrent en quelle estime ils tenaient le chef qui venait de disparaître. C’est sous le règne de ce prince que les deux explorateurs Hecquard et M. Lambert visitèrent le Fouta-Djalon.

Ils furent accueillis par lui avec la plus grande bienveillance, tandis qu’ils trouvèrent une sourde antipathie auprès du chef alfaia Ibrahima Sory. Ils en conclurent l’un et l’autre que les souria étaient nos amis et les alfaia nos ennemis. Cette distinction n’a plus sa raison d’être aujourd’hui. Les deux partis sont nos alliés et le resteront tant que nous ne chercherons pas à occuper le Fouta-Djalon. C’est un sentiment de jalousie contre Oumar qui a fait d’Almamy-Ibrahima Sory un ennemi pour Hecquard et M. Lambert.

Les deux chefs du Fouta s’appelant tous les deux Ibrahima Sory, on disait Almamy Sory-Donhol Fellapour désigner le chef des souria, successeur d’Oumar, et Almamy Sory-Dara quand on parlait du chef alfaia.

Pendant la campagne d’Oumar sur les bords du Rio-Grande, Almamy Sory-Dara était resté à Timbo, sans songer à faire la guerre aux Houbbous.

À l’annonce de sa mort, il crut le moment favorable pour appeler le Fouta-Djalon à entreprendre une nouvelle expédition contre des gens qu’il considérait comme des rebelles. Ayant réuni un contingent assez fort, il se rendit à Bailo, ensuite à Firia, dans les pays des Dialonkés, cherchant inutilement les Houbbous, qui, prévenus par des espions s’étaient dirigés vers les montagnes de Coumtat, non loin de Donhol. Il finit par les rencontrer au village de Boqueto, résidence d’Abal.

Voici le récit de ce combat d’après Mamadou Saidou : La bataille commença à quatre heures du soir, un samedi, et continua jusqu’au dimanche. À quatre heures du soir, le dimanche, Abal, chef des Houbbous, fit tuer Almamy Sory-Dara sur les bords d’un petit ruisseau appelé Mongodi. Almamy Sory, abandonné par ses hommes, n’avait pas voulu s’enfuir ; il s’assit sur les bords du marigot, et un homme d’Abal, le trouvant là, le frappa d’un coup de sabre à l’avant-bras