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roi de Labé. J’ai vu un chef, Alfa Gassimou, qui avait une taille de 1m,90. Un parent d’Almamy Sory, Modi Aliou, était également très grand, mais fort maigre, tandis qu’Alla Gassimou est énorme.

Les mêmes caractères se retrouvent chez les femmes. Les jeunes filles sont gracieuses, même belles parfois, leurs seins fermes et d’une forme remarquable, les épaules bien faites, les bras aux extrémités fines ; les jambes et les cuisses, plutôt fortes que maigres, montrent la beauté et la pureté de cette race. Mais ces femmes se flétrissent de bonne heure, et, à mesure que les couches se répètent, les charmes disparaissent : les seins se fanent, et à trente ans elles sont vieilles et prennent de la corpulence. Il y a cependant des exceptions remarquables ; je ne puis m’empêcher de citer une femme de l’almamy Sory, Néné-Ayba, qui, à quarante ans, a conservé une beauté exceptionnelle, ainsi que la mère de Modi-Boukar Biro, fils de l’almamy Omar, qui, malgré son âge avancé, possède une physionomie très belle, rappelant d’une manière frappante, celle d’une reine de France, célèbre par sa beauté et ses malheurs, Marie-Antoinette. En résumé, le vrai Poul a, comme on l’a dit souvent, un type presque européen.

Les Berbères, auxquels notre civilisation convient, prospèrent dans nos provinces algériennes, tandis que les Arabes, ayant de la peine à continuer leur vie pastorale, gagnent le Sahara ; les Pouls du Fouta-Djalon, avec leurs terrains immenses, leurs goûts passionnés pour l’agriculture, feront comme les Berbères du nord de l’Afrique, si la France profite du traité signé avec eux. Ils s’instruiront, travailleront et ne tarderont pas à produire. Il est essentiel de ne pas nous laisser devancer et perdre bénévolement des résultats acquis.

L’histoire du Fouta-Djalon est peu connue encore. Caillié, Mollien, Hecquard et M. Lambert, les deux derniers surtout, ont donné des renseignemens précieux, mais j’ai pu m’apercevoir, pendant mon séjour chez les Pouls, combien il est difficile d’obtenir qu’ils disent la vérité. Les différentes chroniques, écrites en arabe, que j’ai rapportées, jetteraient de la clarté sur cette question, je n’ai malheureusement pas encore pu les faire traduire. Elles donnent la liste exacte des chefs principaux, tant des provinces de Timbo et Fougoumba, que l’important pays de Labé, dont le chef à l’origine faillit devenir le maître suprême du Fouta-Djalon.

Ce sont les renseignemens recueillis de la bouche même de l’almamy Ibrahima Sory et de celle de l’almamy Hamadou que je vais transcrire. Ils ont été complétés par les récits des griots, chanteurs attachés à ces princes et qui ont, comme jadis les trouvères du moyen âge, recueilli les hauts faits de leurs seigneurs et les légendes concernant leurs aïeux.

Les Pouls, comme nous l’avons dit, prétendent descendre des