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premiers à nous prendre par la main et à nous conduire au milieu de leurs frères, qui vivent dans la vallée du Niger. C’est par le commerce que nous réussirons auprès d’eux.


III.

Le Poul pur existe au Fouta-Djalon, malgré les nombreux mélanges qui ont eu lieu avec les Dialonkés. Il est d’une taille élevée et bien prise. Son physique est agréable ; en général, il n’est pas gros. Le thorax a une forme trapézoïdale, les muscles sont bien développés. Les cheveux très noirs, à peine laineux, sont ou bien coupés ras ou tressés sur les tempes. Dans ce cas, on les porte longs. Cette manière de se coiffer rappelle la coutume des Sarracolets et des Bambaras. Les tresses sont de la grosseur du petit doigt.

Le crâne est dolicocéphale. Le front est assez élevé, fuyant vers les tempes. Les sourcils sont très épais. Les cils très longs, soyeux, voilent des yeux fendus en amande, très beaux, très doux, à l’expression un peu sauvage (yeux de gazelle). L’angle externe de l’œil est un peu plus élevé que l’interne. La couleur des yeux, ou mieux de l’iris, est d’un jaune brun foncé. Le nez, quelquefois droit, est le plus souvent légèrement épaté. La bouche est assez grande ; les lèvres, charnues, sont sensuelles. Le menton est rond, allongé. Les oreilles, petites, ont un lobule peu allongé et sont bien plantées. Il y a une grande distance entre le menton et l’oreille. Les mains sont fines ; les doigts longs et déliés. Les pieds, généralement petits, ont le gros orteil nettement séparé des autres doigts, qui sont plantés. Les articulations des doigts de pied sont très souples. Le Poul prend le plus grand soin de ses pieds et de ses mains. Ces hommes sont de grands marcheurs ; ils font souvent 80 kilomètres du lever au coucher du soleil. Le mollet n’est pas en général proéminent. Le cou-de-pied est un peu fort, et le talon fait une saillie. La région montagneuse dans laquelle ils vivent, région très humide (pluies torrentielles de l’hivernage), est la cause de la carie dentaire qui sévit chez eux. Les Pouls n’ont pas les dents admirables des Ouolofs ; généralement les incisives de la mâchoire supérieure sont cariées chez eux ; les dents sont souvent mal plantées. Le système pileux est peu abondant. Ils ont la moustache rasée ou coupée ras ; ils portent une barbiche coupée généralement en pointe. La couleur des Pouls est bronzée (couleur chocolat, chocolat au lait). Lorsqu’il y a mélange de sang dialonké, la couleur devient souvent noire ; la face est plus élargie, les pommettes saillantes, le nez très épaté et les lèvres plus grosses.

Les Pouls sont plutôt minces que gros ; cependant quelques-uns ont de l’embonpoint. Je citerai Almamy Hamadou et Alfa Aquibou,