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but à poursuivre. Les agens naturels dont il dispose, s’il apprend à les maîtriser, pourraient parfois lui donner les moyens de l’atteindre. Il ne parviendra jamais sans doute à modifier la structure fondamentale du globe ; à faire surgir de nouveaux continens ; à immerger les hautes chaînes de montagnes ; mais, dans un ordre de faits plus modeste, il pourra améliorer le sol qui le fait vivre et modifier peut-être le climat de certaines régions.

Dans une étude précédente, j’ai exposé mes idées particulières sur la première partie de ce vaste programme. J’ai fait voir comment, par un judicieux emploi des alluvions artificielles, par un meilleur aménagement des eaux courantes, on pourrait régénérer le sol végétal, en tripler peut-être chez nous la puissance productive. Mes idées à ce sujet pourront paraître encore chimériques à bien des gens. Un avenir prochain, je l’espère, démontrera qu’elles n’ont rien que de pratique et de réalisable. Je n’y reviendrai donc pas aujourd’hui. Je me bornerai à examiner dans quelles limites on pourrait aborder le problème beaucoup plus ardu de la transformation des climats. En indiquant les effets désastreux qu’entraînerait nécessairement la suppression d’une partie notable des surfaces d’évaporation dans notre zone centrale, j’ai fait ressortir les résultats avantageux d’une entreprise inverse qui, en augmentant la surface maritime sur le parcours des vents polaires, pourrait remédier à l’excès de siccité des grands courans atmosphériques. Si, par exemple, on pouvait insérer, au centre du Sahara, un nouveau golfe du Mexique s’avançant profondément dans les terres entre les 15e et 30e parallèles, il n’est pas douteux que son influence se ferait ressentir sur toutes les régions avoisinantes. Les parties du désert non immergées reproduiraient au nord le climat du Texas et de la Louisiane ; à l’est, tout au moins celui du Nouveau-Mexique et du Colorado. Un moment on a pu croire qu’une pareille entreprise serait réalisable. Des renseignemens fournis par des géographes anglais avaient fait supposer qu’il se trouverait au centre mystérieux du Sahara africain une vaste dépression, cuvette d’une ancienne mer desséchée, dans laquelle on pourrait ramener les finis de l’océan. Des explorations plus sérieuses ne paraissent pas avoir confirmé ces Indications, qui n’avaient peut-être d’autre base que cette conception purement théorique de certains géologues, qui avaient cru devoir expliquer par une prétendue mer saharienne l’ancienne extension des glaciers sur le continent européen.

Les dépressions de cette nature, présentant à l’intérieur des continens de vastes cuvettes ayant leur plafond au-dessous du niveau de l’océan, ne sont pas nombreuses à la surface du globe. Il n’en est que deux d’une certaine importance qui nous soient connues : le bassin de la Caspienne à 25 mètres au-dessous du niveau de la Mer-Noire