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de barrer le détroit, si cette opération devait avoir pour lui des résultats aussi avantageux qu’elle en aurait en réalité de désastreux, comme nous le verrons bientôt.

Quoi qu’il en soit, l’Afrique, au point de vue géographique, peut être considérée à volonté soit comme une île, soit comme une presqu’île à deux, isthmes opposés. Le versant africain fournir dès l’abord au bassin de la Méditerranée son plus important affluent par l’étendue de sa vallée, sinon-par le volume doses eaux, affaibli par une traversée de 400 lieues de désert, le Nil, dont les sources, enfin presque connues se trouvent dans l’hémisphère austral.

Après avoir, au-delà de la vallée du Nil, traversé des régions peu explorées de l’Afrique centrale, le faîte méditerranéen se rattache vers le nord au massif montagneux qui occupe le centre du Sahara pour se souder ensuite aux plateaux barbaresques qui nous ramènent au détroit de Gibraltar, notre premier point de départ.

Le bassin de la Méditerranée tel que je viens d’en définir les contours hydrologiques à grands traits, en m’abstenant autant que possible de détails de pure géographie dont l’intelligence exigerait le secours d’une carte, embrasse dans ses limites 95 degrés de longitude, soit environ 7,500 kilomètres dans sa plus grande longueur, entre le détroit de Gibraltar et le seuil de Barkoul ; 65 degrés de latitude, soit 7,200 kilomètres dans sa plus grande largeur, entre les sources du Volga et celles du Nil. En dehors de ces deux grands axes de figure qui lui donnent une forme étoilée, ce bassin est loin d’avoir une largeur uniforme. Si certains de ses affluens ont une grande longueur, sur bien des points, au contraire, ses versans, brusquement relevés, n’ont qu’une faible étendue qui ne dépasse pas 50 kilomètres, sur nos côtes du Languedoc, en France, et sur celles de la Syrie, en Asie.

Sa superficie totale est autant qu’on peut approximativement s’en rendre compte, de 25 millions de kilomètres cariés, dont 21 de surface terrestre et 4 de surface aquatique, tant pour la cuvette principale de la Méditerranée et de ses annexes directes que pour les bassins fermés de la dépression aralo-caspienne.

Rapporté à la superficie du globe, qui est de 500 millions de kilomètres carrés, dont plus des trois quarts sont recouverts par les eaux, le bassin de la Méditerranée représente un vingtième, en surface totale, plus de un sixième en surface terrestre, un cent vingt-cinquième à peine en surface maritime. Ces chiffres ne s’appliquent qu’au bassin hydrologique déterminé par l’écoulement réel ou théorique des versans qui penchent vers le détroit de Gibraltar. Nous avons déjà vu que, au point de vue des limites naturelles résultant surtout du relief orographique, on devrait en distraire