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REVUE. — CHRONIQUE.

Il n’en était rien ou, du moins, les vendeurs n’étaient nullement disposés à se laisser imposer des cours de rachat par une spéculation à la hausse improvisée et dépourvue de toute solidité. Les cours ont donc été ramenés en arrière depuis lundi, mais sans violence en ce qui concerne nos fonds publics ; ceux-ci ont conservé une bonne attitude, et la tendance générale accuse une amélioration sensible dans la situation de la place. Si on compare les cours actuels avec ceux de la liquidation de fin octobre, on ne constate que des différences insignifiantes sur nos fonds publics, alors qu’il y a peu de jours ceux-ci accusaient une réaction de près d’un franc.

Les actions des grandes compagnies de chemins de fer ont un peu repris sur les plus bas cours ; cependant le mois de novembre les aura laissées encore en légère dépréciation. Les recettes sont en diminution, et, de plus, la continuité des pluies et les inondations qui en résultent font craindre un accroissement de dépenses. Aussi la hausse est-elle à peu près impossible ; mais chaque fois que les cours reculent de 10 ou de 20 francs, on voit se produire des achats au comptant.

Les recettes sont également stationnaires sur les chemins étrangers, exception faite pour la compagnie des Chemins autrichiens, qui enregistre, au contraire, de fortes plus-values. Les actions se maintiennent à 740 ; les offres dominent sur les Lombards, le Nord de l’Espagne, le Saragosse.

Le Suez a reperdu 100 francs sur les plus hauts cours ; le Gaz s’est maintenu avec fermeté à 1,560 francs.

Le Crédit foncier, après avoir baissé à 1,275, puis remonté à 1,375, a été ramené à 1,340, cours raisonnable, répondant à une capitalisation à 4 pour 100 du dividende probable de 55 francs. Faut-il compter que ce dividende pourra s’accroître d’année en année ? ou faut-il craindre qu’il ne diminue, le Crédit foncier voyant se fermer la source des bénéfices que lui procuraient naguère les affaires de banque ? L’avenir décidera. Pour que le dividende actuel soit maintenu ou dépassé, il faut que le Crédit foncier développe, dans une large mesure, ses opérations hypothécaires. Or il paraît être en ce moment dans un grand dénûment de ressources ; on a même annoncé comme très prochaine une émission d’obligations foncières pour une somme de 200 millions de francs. Rien n’est encore décidé à ce sujet, le moment paraissant peu propice pour un appel à l’épargne.

La situation des autres établissemens de crédit n’a pu se modifier ; aussi les cours sont-ils restés à peu près immobiles pour la Banque de Paris, la Société générale, le Crédit lyonnais, la Banque d’escompte, etc. Le Crédit général français s’acheminait depuis longtemps vers un dénoûment fatal. Ses titres ne valent plus nominalement que 5 ou 10 francs. Sa valeur intrinsèque n’est-elle pas supérieure ? Une destruction